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16 février 2008.
Lyon, entre Saône et Rhône
Les Lyonnais sont fiers de leur Presqu’Île, entre Rhône et (...)
Les Lyonnais sont fiers de leur Presqu’Île, entre Rhône et Saône. Jadis l’ingénieur Perrache avait eu l’idée d’assécher les marais pour repousser le confluent vers le sud.
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À l’origine, les deux cours d’eau se rejoignaient au pied de la colline de la Croix Rousse, dans le quartier qui aujourd’hui enveloppe la Place des Terreaux, l’Hôtel de Ville et l’Opéra. Le confluent ressemblait alors à une vaste plaine d’îlots, de lônes et de marécages. En 1766, un ingénieur, Michel-Antoine Perrache, dont les Lyonnais garderont le souvenir en donnant son nom au quartier et à la gare de la presqu’île, imagina d’assécher cette zone et de gagner ainsi du terrain pour la ville et ses nouvelles industries. Les travaux d’aménagement prendront finalement plusieurs décennies, poursuivis notamment par les frères Seguin.
Parallèlement aux projets de Perrache, un architecte, Jean-Antoine Morand, se fit l’avocat d’un développement de l’espace urbain sur la rive gauche du Rhône, dans un environnement naturel plutôt hostile et sauvage. Ainsi naquit le quartier des Brotteaux (synonyme de zone humide parfois sèche, parfois submergée). Il fallut une inondation catastrophique, en 1856, pour que les Lyonnais prennent conscience de la nécessité d’endiguer fortement le fleuve. Ce qui fut donc fait et permit le développement urbain que l’on sait. Avec, en point d’orgue, les constructions du quartier de la Part-Dieu, cœur des activités économiques du Grand-Lyon.
Le paysage fluvial de Lyon, troisième ville et deuxième agglomération de France, vit aujourd’hui au rythme de nouvelles transformations. À travers notamment l’aménagement des berges du Rhône, sous forme de dix hectares de parc urbain, et la création de Lyon Confluence, à la pointe de la Presqu’Île. En quelque sorte la future vitrine moderne et internationale des Lyonnais. Là même où précisément, comme dit Bernard Clavel, se marient les eaux claires du Rhône et celles, troubles, de la Saône. (bw)
« Ce matin, le Rhône, il est pour nous.
Rien que pour nous. »« … Le confluent était encore plus noyé de brume que le reste. Les eaux claires du fleuve descendues des glaciers et les eaux troubles de la Saône se mariaient en secret, dissimulant leur étreinte sous un voile épais. Même du pont, même de la digue qui prolonge la presqu’île, on ne pouvait rien voir. On pouvait seulement écouter. Le pont sur la Saône dont les neuf piles de pierre formaient un peu barrage faisait chanter la rivière. Les barques amarrées en aval tiraient sur les chaînes. Il y avait des bruits de métal, raclant la pierre, des chocs sourds de bordage à bordage. Dessous, c’était un grand rassemblement de poissons que le flot boueux attirait de loin. La Saône charriait de la terre, des insectes, des détritus balayés tout au long des rives depuis le lieu où avait crevé l’orage. Dès que pointerait le soleil, toutes les barques de pêche quitteraient les rives ; tramails et carrés étaient prêts. On irait à la volée dans les meuilles où les eaux se rencontrent, on irait à la traîne sur les maigres jusqu’à l’embouchure des lônes.
Mais le fleuve allait bon train, roulant longtemps sur son flanc droit la Saône épaisse et lente, avant de l’accepter vraiment, avant de lui communiquer sa force et de la purifier. Ayant soudain doublé de volume, il se sentait plus puissant que jamais, plus invincible, plus Rhône.
Il s’engageait dans cette vallée où il était le maître. Il y avait sa liberté. Son monde bien à lui. Des gens qui se faisaient porter, mais qu’il aimait parce qu’ils ne se lassaient pas de flatter son orgueil de grand fleuve. De répéter à qui voulait les entendre qu’il était le plus beau et le plus fort, et le plus rapide aussi … »
Bernard Clavel, « Le seigneur du fleuve »,
Ed. R. Laffont, 1972
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« Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")