Leur constat de départ est clair : la présence des femmes dans le secteur de l’ingénierie de l’eau est insatisfaisante, leur espoir d’accéder à l’un ou l’autre poste de cadre est minime et nombre d’entre elles choisissent trop souvent de quitter ce secteur en cours de route. Dans la réponse donnée de manière collective à nos questions, le comité de cette nouvelle association avance quelques explications :
– Le déficit apparaît déjà au cours de la formation professionnelle : la proportion de femmes qui optent pour des filières techniques est encore et toujours faible, elles sont socialement influencées par le fait qu’on ne les croit pas capables de faire ce genre d’études.
– Vu que les disciplines techniques étaient et sont encore dominées par les hommes, on voit des femmes renoncer à leur travail à toutes les étapes de leur carrière (référence à la métaphore bien connue des "fuites de tuyau" dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques), ce qui bien évidemment représente une perte réelle pour la profession.
– Le secteur manque de propositions de temps de travail flexibles sans lesquels il est bien difficile de concilier activités professionnelles et vie familiale. Par ailleurs la société ne voit pas d’un bon œil les femmes qui ont des enfants et qui consacrent à leur métier un temps qu’elle juge trop important.
– Pour se sentir à l’aise au travail, une femme a besoin dans son entourage professionnel immédiat d’un nombre minimum de femmes ayant les mêmes compétences qu’elle.
- Le comité de l’association des femmes ingénieures de l’eau note aussi de manière générale que :
- "La profession manque de modèles féminins : quand une femme a une profession qui est en fait exclusivement masculine, il faut toujours un effort supplémentaire pour faire ses preuves" ;
- "Traditionnellement, les femmes préfèrent les questions environnementales aux disciplines techniques liées à la qualité de l’eau ou à la protection de la ressource" ;
- "Il y a beaucoup plus de femmes travaillant dans le secteur public. Il est probable que la charge de travail élevée et variable dans les entreprises privées est plus difficile à concilier avec la famille. Les employeurs publics ont des horaires de travail mieux réglementés et le travail à temps partiel y est plus fréquent" ;
- "Il est important de discuter d’approches innovantes pour trouver un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée et ouvrir ainsi de nouvelles perspectives pour les femmes et les hommes sur la façon dont le succès, la famille et les loisirs peuvent être combinés".
Dans les mois à venir, l’association se focalisera principalement sur la mise en réseau des femmes ingénieures qui ont déjà achevé leur formation académique et sur les échanges avec les universités, instituts de recherche, bureaux d’ingénieurs, autres domaines professionnels privés, services cantonaux et organismes divers. Mais elle entend aussi faire en sorte d’agrandir le cercle de celles qui sont actives dans les domaines techniques et apporter un soutien aux filles et femmes qui pour une raison ou une autre appréhendent de se lancer dans ce genre de profession. Le 18 juin 2019 à Berne, elle organise par exemple un Speed-Networking pour favoriser les rencontres avec d’autres femmes ingénieures de l’eau et en savoir plus sur leurs activités et leurs expériences dans un cadre décontracté. (bw/photo NeWI)