Ce rapport, qui est en fait une mise à jour statistique des données et des tendances notées à l’échelle mondiale, permet de se faire une idée plus précise des conditions actuelles d’accès à l’eau potable et d’utilisation des installations d’assainissement dites ‘améliorées’. Ce document de 60 pages est avant tout destiné à étayer les décisions des décideurs politiques, bailleurs de fonds, organisations gouvernementales et ONG spécialisées.
La question qui se pose aujourd’hui, commente le Dr Maria Neira, directrice du Département Santé publique et environnement de l’OMS, est de “savoir comment accélérer les progrès sur la voie des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et plus encore comment faire un pas supplémentaire vers l’accès universel”. Pour mémoire : ces objectifs fixés il y a dix ans déjà, avaient, entre autres ambitions, celle de diminuer de moitié avant 2015 le nombre des personnes privées d’accès à l’eau potable et à un assainissement adéquat.
De la nécessité de faire un énorme bond en avant
Si l’OMS et l’UNICEF se montrent optimistes quant au volet eau potable, on est loin, très loin même, d’un quelconque signe véritablement encourageant en ce qui concerne l’accès universel à l’assainissement. Certes on se réjouit du fait que la pratique de la défécation à ciel ouvert – le plus antihygiénique de tous les comportements– soit en déclin un peu partout dans le monde, mais elle reste extrêmement répandue en Asie du Sud.
Les chiffres sont là : près de 884 millions de personnes sont dépourvues d’accès à de l’eau potable et ce nombre doit être multiplié par trois concernant celles à qui font défaut des services d’assainissement de base. “Comme cinq ans seulement nous séparent de 2015, nous devons faire dès aujourd’hui un bond en avant en matière d’efforts et d’investissement pour obtenir des résultats d’ici le moment de notre évaluation finale des OMD”, observe Robert Bos, coordonnateur Eau, assainissement, hygiène et santé à l’OMS.
Disparités évidentes
Privilégier la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement est une chose. Encore faudrait-il, comme le note le Dr Tessa Wardlaw, responsable de la section de la statistique et du suivi à l’UNICEF, “le faire d’une manière équitable, en veillant à ce que les groupes les plus vulnérables et les plus difficiles à atteindre aient leur part des succès obtenus ailleurs”.
Le rapport met en effet en évidence de grandes disparités en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement. La toute grande majorité des gens qui sont privés vivent en zones rurales. Disparités également entre riches et pauvres : les premiers ont bien plus de chances de disposer d’une source d’eau potable améliorée et d’installations d’assainissement de qualité satisfaisante. On rappellera aussi que l’eau insalubre ainsi que des mesures d’assainissement et d’hygiène insuffisantes coûtent chaque année la vie à environ un million et demi d’enfants de moins de cinq ans. Disparités enfin entre hommes et femmes puisque c’est sur celles-ci, et sur les jeunes filles, que pèse littéralement et pratiquement la quasi-totalité de l’approvisionnement en eau des familles.
– Le rapport OMS/UNICEF - Progrès en matière d’eau potable et d’assainissement – 2010 peut être téléchargé, en anglais seulement, sur le site de l’une ou l’autre des deux organisations OMS – UNICEF ou sur celui de leur Joint Monitoring Programme