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15 mars 2010.

Progrès dans l’accès à l’eau potable, apathie dans l’assainissement

Le dernier rapport conjoint de l’OMS et de l’UNICEF sur les (...)

Le dernier rapport conjoint de l’OMS et de l’UNICEF sur les progrès en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement alterne les bonnes et les mauvaises nouvelles. Avec 87% de sa population ayant accès à l’eau potable, le monde serait sur le point d’atteindre, voire de dépasser, les objectifs du Millénaire pour le développement. Mais, en même temps, plus de 2,6 milliards de personnes (39 % de la population mondiale) sont toujours privées d’accès à un système d’assainissement digne de ce nom. L’échec, de ce point de vue, est patent.

Ce rapport, qui est en fait une mise à jour statistique des données et des tendances notées à l’échelle mondiale, permet de se faire une idée plus précise des conditions actuelles d’accès à l’eau potable et d’utilisation des installations d’assainissement dites ‘améliorées’. Ce document de 60 pages est avant tout destiné à étayer les décisions des décideurs politiques, bailleurs de fonds, organisations gouvernementales et ONG spécialisées.

La question qui se pose aujourd’hui, commente le Dr Maria Neira, directrice du Département Santé publique et environnement de l’OMS, est de “savoir comment accélérer les progrès sur la voie des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et plus encore comment faire un pas supplémentaire vers l’accès universel”. Pour mémoire : ces objectifs fixés il y a dix ans déjà, avaient, entre autres ambitions, celle de diminuer de moitié avant 2015 le nombre des personnes privées d’accès à l’eau potable et à un assainissement adéquat.

De la nécessité de faire un énorme bond en avant

Si l’OMS et l’UNICEF se montrent optimistes quant au volet eau potable, on est loin, très loin même, d’un quelconque signe véritablement encourageant en ce qui concerne l’accès universel à l’assainissement. Certes on se réjouit du fait que la pratique de la défécation à ciel ouvert – le plus antihygiénique de tous les comportements– soit en déclin un peu partout dans le monde, mais elle reste extrêmement répandue en Asie du Sud.

Les chiffres sont là : près de 884 millions de personnes sont dépourvues d’accès à de l’eau potable et ce nombre doit être multiplié par trois concernant celles à qui font défaut des services d’assainissement de base. “Comme cinq ans seulement nous séparent de 2015, nous devons faire dès aujourd’hui un bond en avant en matière d’efforts et d’investissement pour obtenir des résultats d’ici le moment de notre évaluation finale des OMD”, observe Robert Bos, coordonnateur Eau, assainissement, hygiène et santé à l’OMS.

Disparités évidentes

Privilégier la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement est une chose. Encore faudrait-il, comme le note le Dr Tessa Wardlaw, responsable de la section de la statistique et du suivi à l’UNICEF, “le faire d’une manière équitable, en veillant à ce que les groupes les plus vulnérables et les plus difficiles à atteindre aient leur part des succès obtenus ailleurs”.

Le rapport met en effet en évidence de grandes disparités en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement. La toute grande majorité des gens qui sont privés vivent en zones rurales. Disparités également entre riches et pauvres : les premiers ont bien plus de chances de disposer d’une source d’eau potable améliorée et d’installations d’assainissement de qualité satisfaisante. On rappellera aussi que l’eau insalubre ainsi que des mesures d’assainissement et d’hygiène insuffisantes coûtent chaque année la vie à environ un million et demi d’enfants de moins de cinq ans. Disparités enfin entre hommes et femmes puisque c’est sur celles-ci, et sur les jeunes filles, que pèse littéralement et pratiquement la quasi-totalité de l’approvisionnement en eau des familles.

 Le rapport OMS/UNICEF - Progrès en matière d’eau potable et d’assainissement – 2010 peut être téléchargé, en anglais seulement, sur le site de l’une ou l’autre des deux organisations OMSUNICEF ou sur celui de leur Joint Monitoring Programme




Infos complémentaires

:: FAITS ET CHIFFRES

Accès à l’eau

 5,9 milliards de personnes (87 % de la population mondiale, 84 % de la population des pays en développement) s’approvisionnent en eau potable à des sources relativement sûres et améliorées.

 3,8 milliards de personnes (57 % de la population mondiale) ont accès à l’eau potable grâce à des raccordements, dans leur maison ou à proximité, à un réseau de distribution.

 C’est en Afrique subsaharienne et en Océanie que l’accès à l’eau reste le plus problématique : 60 % des populations d’Afrique noire en bénéficient, et 50 % seulement en Océanie. Ces chiffres sont de 89 % en Chine (67 % en 1990) et de 88 % en Inde (72 % en 1990).

Accès à l’assainissement

 2,6 milliards de personnes (39 % de la population mondiale) vivent sans accès à un assainissement amélioré. La grande majorité d’entre elles vivent en Asie et Afrique subsaharienne.

 Si de nouveaux efforts ne sont pas menés rapidement, le milliard de personnes qui étaient concernées par les engagements du Millénaire ne verront aucune amélioration dans leur situation sanitaire. Et même si l’objectif était atteint (ce qui de toute évidence ne sera pas le cas), il resterait encore 1,7 milliard de gens privés d’installations suffisantes.

 751 millions de personnes de par le monde partagent leurs installations sanitaires avec d’autres ménages ou recourent uniquement à des équipements publics.

Source : Rapport conjoint OMS/UNICEF

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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