Le grand cratère de la baie de Chesapeake, large de 85 km de diamètre et d’une profondeur de plus de 1’000 mètres, a été découvert il y a trois décennies seulement. Il résulte de l’impact, il y a 35 millions d’années, d’un immense astéroïde ou météorite. Cette baie, aujourd’hui, reçoit quelque 150 cours d’eau, dont le Potomac, provenant d’un bassin versant de plus de 11’000 km2.
De l’avis des chercheurs de Société américaine de géologie (U.S. Geological Survey), l’impact du météorite – qui a projeté d’énormes quantités de débris dans l’atmosphère et provoqué une série de tsunamis gigantesques - aurait déformé et détruit l’équilibre entre les roches aquifères (porteuses d’eau ) et celles, imperméables, qui empêchent l’écoulement des eaux souterraines. D’où la constitution d’une vaste poche qui aurait alors emprisonné de l’eau de mer ancienne dont de récents prélèvements ont établi qu’elle est deux fois plus salée (taux de 70/1000) que celle des mers actuelles.
Pour l’hydrologue Ward Sandford, principal auteur de cette recherche, "jusqu’à présent, l’estimation des niveaux de température et de salinité des océans des périodes géologiques mondiales était faite indirectement à partir de différents types de preuves recueillies dans les carottes de sédiments profonds. Notre étude, par contre, a identifié une ancienne eau de mer qui n’a pas quitté son emplacement géologique, et cela nous permet de déterminer directement son âge et son degré de salinité."
Cette nouvelle recherche va donc à l’encontre des précédentes hypothèses (osmose, évaporation, etc.) qui étaient avancées pour expliquer la forte salinité constatée ici et là dans les profondeurs de la côte atlantique. On sait aussi que la dérive des continents et l’élargissement de l’Océan atlantique a peu à peu entraîné une dilution de la salinité d’origine. Les chercheurs citent l’exemple de la Méditerranée, dont la seule ouverture océanique est le détroit de Gibraltar et qui présente encore une salinité (38 pour mille) supérieure de quelque 10% à celle de l’océan. (Source : U.S. Geological Survey)
– Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Nature du 14 novembre 2013.