Ces deux nouvelles études, menées à l’Université de Californie à Irvine, s’appuient sur des données recueillies par le tandem de satellites de la mission américano-allemande Gravity Recovery And Climate Experiment (GRACE) lancés en 2002 pour mesurer dans le détail la gravité du globe terrestre.
Les chercheurs, qui ont notamment concentré leurs analyses sur les 37 plus grands aquifères de la planète, ont mis en évidence que 21 d’entre eux ont largement dépassé ce qu’ils appellent des "points de basculement de durabilité" et sont en voie d’épuisement, au point dans certains cas de menacer la sécurité régionale en raison de l’épuisement des ressources hydriques et de l’insuffisance de recharge naturelle des nappes souterraines faute de pluies.
Les eaux souterraines les plus exploitées se trouvent dans les régions les plus arides, à commencer par la Péninsule arabique, le bassin de l’Indus (nord-ouest de l’Inde et Pakistan) et le vaste système aquifère de Murzuq (partagé par plusieurs pays d’Afrique du Nord et du Sahel).
"Nous ne savons pas vraiment combien d’eau est stockée dans chacun de ces aquifères et les estimations [quant à leur durée possible d’exploitation] peuvent varier de plusieurs décennies à des millénaires, commente Alexandra Richey, chercheuse à l’université de Californie à Irvine. Dans une société de pénurie d’eau, nous ne pouvons plus tolérer ce niveau d’incertitude, surtout lorsque les réserves d’eaux souterraines s’épuisent si rapidement. Nous essayons de donner l’alerte maintenant pour que les gestionnaires puissent dès à présent protéger les vies et les moyens futurs de subsistance."
Mais, constate pour sa part Jay Famiglietti, professeur dans la même université, "les mesures physiques et chimiques disponibles sont tout simplement insuffisantes et compte tenu de la rapidité avec laquelle nous consommons les réserves d’eaux souterraines de la planète, nous avons besoin d’un effort coordonné au plan mondial pour déterminer combien il en reste."
Il n’y a pas de temps à perdre. D’abord parce que les pénuries d’eaux souterraines se traduisent déjà ici et là par d’importants dommages écologiques (baisse de la qualité de l’eau, assèchement de rivières, etc.). Mais aussi parce que le réchauffement climatique comme la croissance démographique risquent d’accentuer le stress hydrique plus particulièrement là où les aquifères sont surexploités. (Source : American Geophysical Union – ACU)
de la mission NASA GRACE (2003-2013) (Document agu.org)
– En savoir plus sur le site
de l’American Geophysical Union (ACU)