Pendant des siècles, on s’est ingénié à aménager les cours d’eau et à les canaliser afin de protéger la population, les biens publics et privés contre les crues, et pour gagner des terres pour l’agriculture, l’habitat et les infrastructures. Tout cela fait qu’aujourd’hui, sur le Plateau suisse par exemple, près de la moitié des cours d’eau présentent un mauvais état, tant dans leur structure que dans leur fonction d’habitat naturel pour la faune et la végétation.
Les grandes crues de ces dernières décennies et une meilleure connaissance des fonctions naturelles des milieux aquatiques ont marqué un tournant dans la gestion des cours d’eau. Il est clair désormais que les aménagements qui leur sont apportés doivent à la fois servir de protection contre les crues et préserver l’état écologique des eaux.
La loi suisse sur la protection des eaux, dont la version révisée est en vigueur depuis 2011, contraint les cantons à revitaliser les eaux. Au cours des années à venir, nombre de cours d’eau devront être libérés de leurs lits aménagés en dur pour retrouver un aspect plus naturel. Mais, sur le terrain, il n’est pas toujours facile de déterminer ce qui devrait caractériser l’état naturel de tel ou tel cours d’eau et servir de référence pour les travaux de renaturation.
La publication que l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) dédie à la typologie des cours d’eau suisses apporte un premier élément de réponse, à savoir un essai de description et de classification de la diversité des cours d’eau que compte le pays. C’est une démarche essentielle pour apprécier leur état et une aide pour décider de la meilleure façon de les revaloriser.
Dans le passé, des recherches ont certes déjà été menées ici ou là en vue de classer partiellement les cours d’eau en fonction notamment de critères comme leur régime d’écoulement, les zones alluviales, les habitats de poissons, la température ou autres particularités. Mais, à l’échelon national, il manquait encore un système exhaustif de classification. La publication de l’OFEV veut combler cette lacune.
Dans un premier temps, les auteurs de cette recherche, se basant sur les données disponibles pour l’ensemble du territoire suisse et prenant comme référence le réseau hydrographique à l’échelle 1:25000, ont classé la multitude de caractéristiques des cours d’eau selon cinq critères de base (voir ci-contre).
Les chercheurs ont ensuite retenu les 54 combinaisons les plus fréquentes et les plus représentatives (sur les 188 obtenues) pour constituer la base de cette première classification systématique des cours d’eau suisses.
Dans l’étape suivante, à moyen terme, il est prévu de préciser ces données à l’aide de caractéristiques biologiques, physico-chimiques et hydromorphologiques de manière à illustrer ces types de rivières relativement abstraits par des tronçons existants, présentant des conditions proches de l’état naturel quant à la qualité de l’eau, à la structure du cours d’eau et à son régime d’écoulement, et pouvant dès lors servir de référence pour de futurs travaux d’aménagement. (Source : OFEV)