Ce petit glossaire des eaux souterraines n’a rien d’exhaustif. Sa seule prétention est de faciliter un tant soit peu la compréhension de l’univers caché des eaux souterraines et de l’un ou l’autre de ses phénomènes apparents ou invisibles. Pour d’autres mots du domaine de l’eau, voir « Un abécédaire de l’eau douce » proposé par aqueduc.info et dont sont extraits les descriptifs retenus dans cette page.
AQUICLUDE
Formation rocheuse quasi imperméable, argileuse par exemple, que l’eau ne traverse que très difficilement et qui fait qu’un puits ne peut pas être réapprovisionné en quantité suffisante. Dans ce cas l’eau s’écoule au-dessus de cette couche jusqu’à ce qu’elle retrouve la surface du sol et donne naissance à une source.
AQUIFÈRE
Formation géologique perméable, faite de sable, gravier, roches fissurées ou calcaires, etc., dans laquelle l’eau peut circuler librement de façon permanente ou temporaire, et que l’on peut capter par pompage ou par le biais d’un puits. Les aquifères se définissent souvent en fonction de leurs structures géologiques - fissurées, poreuses, karstiques - qui conditionnent la vitesse d’écoulement de l’eau (de quelques mètres par jour à plusieurs centaines de mètres par heure).
CAPTAGE
Installation qui permet de prélever les eaux d’une source ou de pomper des eaux superficielles ou souterraines. Un développement durable postule que les volumes d’eau prélevés ne doivent pas être supérieurs à la capacité de recharge des aquifères. Comme les captages servent souvent à l’approvisionnement en eau potable, ils doivent être protégés contre les risques naturels (séismes, éboulements, inondations, etc.) et contre les risques de pollution et de contamination. D’où l’importance des zones de protection.
EAU SOUTERRAINE
On entend par eau souterraine toute eau située sous la surface du sol, provenant de l’infiltration d’eaux de pluie, de fonte ou de ruissellement, et s’accumulant dans les matériaux poreux du sous-sol et dans les fissures de ses roches. Quand les eaux rencontrent une couche imperméable, elles constituent des réserves souterraines de volumes variables et continuent de circuler dans le sous-sol avant de trouver un exutoire et d’alimenter une source ou un cours d’eau.
GEYSER
Mot d’origine islandaise désignant une source d’eau chaude et de vapeur d’eau qui jaillit par intermittence et sous haute pression dans des terres généralement volcaniques. Ce phénomène s’explique par la circulation d’eaux souterraines qui se réchauffent intensément au contact de roches profondes proches du magma, qui sont ensuite propulsées vers la surface de la terre par des gaz sous très haute pression, et qui sortent du sol par des orifices étroits et sous forme de jets relativement puissants.
GOUFFRE, GROTTE
Les deux mots désignent une cavité souterraine, l’entrée du gouffre étant généralement verticale alors que celle de la grotte est de type horizontal. Les gouffres sont le plus souvent d’origine karstique, c’est-à-dire formés grâce à l’érosion de roches calcaires par les eaux souterraines. Les grottes quant à elles peuvent être creusées par des eaux de surface aussi bien que souterraines. Les gouffres comme les grottes sont la plupart du temps des structures géologiques très anciennes d’où la vie n’est pas absente : on y trouve une flore et une faune adaptées à ces milieux très particuliers.
HYDROGÉOLOGIE
Cette science, dédiée à l’étude des eaux souterraines, combine de manière interdisciplinaire l’hydrologie et la géologie mais également d’autres sciences de la terre comme la physique, la chimie, la biologie, l’hydraulique, etc. Elle s’intéresse à la circulation des eaux dans le sous-sol, les roches et les milieux poreux peu profonds, mais aussi à leurs relations avec les eaux de surface. Les données hydrogéologiques sont d’une grande importance dans de nombreux domaines comme l’alimentation en eau potable, l’agriculture, le génie civil, la lutte contre la pollution, etc.
INFILTRATION ENGOUFFREMENT
En hydrologie, le mot infiltration désigne le phénomène par lequel de l’eau pénètre dans le sol par sa surface, traverse les couches poreuses du sous-sol et rejoint les nappes souterraines. On parle plutôt d’engouffrement lorsqu’un flux d’eau disparaît naturellement et rapidement de la surface du sol, par exemple dans les dépressions naturelles des milieux karstiques.
KARST, KARSTIQUE
Ces deux mots dérivés d’un toponyme allemand, sont utilisés en hydrogéologie pour désigner des régions composées de calcaires ou d’autres roches carbonatées qui ont la particularité de pouvoir être facilement dissoutes par de l’eau de pluie. Cette érosion chimique s’est traduite en surface par des paysages de dolines, d’emposieux, de reculées et autres formes caractéristiques notamment des territoires jurassiens, et en sous-terrain par des particularités géologiques bien connues des spéléologues comme des grottes, gouffres, puits, galeries, siphons, concrétions de toutes sortes (stalactites, stalagmites, etc.), des rivières et des lacs souterrains. Si le mot karst est peu fréquent, l’adjectif karstique est par contre largement utilisé. On parle alors de système karstique pour expliquer le fonctionnement d’un bassin hydrogéologique souterrain dans un milieu calcaire et décrire la complexité des réseaux, drainages et écoulements d’eaux souterraines jusqu’à l’endroit de leur résurgence en surface.
NAPPE
Le mot désigne une masse d’eaux provenant de précipitations et infiltrées dans les pores, interstices, fractures ou fissures des éléments géologiques du sous-sol. Cette zone souterraine est dite saturée car elle est entièrement remplie d’eau, contrairement aux parties supérieures et humides des terrains qui contiennent également de l’air. On dit d’une nappe qu’elle est libre lorsqu’elle n’est pas recouverte par une couche imperméable et que son niveau varie au gré des précipitations : c’est le cas des nappes phréatiques situées à faible profondeur du sol, là où il est possible de creuser des puits. Et une nappe est dite captive lorsqu’elle est pour ainsi dire retenue prisonnière entre deux couches géologiques imperméables et ne se renouvelle donc que très lentement.
PERTE, EMPOSIEU, DOLINE
En hydrogéologie, une perte désigne à la fois le phénomène et l’endroit (une fissure ou un gouffre) où un cours d’eau disparaît naturellement dans le sous-sol et réapparaît en aval sous forme de résurgence après un parcours souterrain plus ou moins long. Dans les paysages karstiques, les dépressions en forme d’entonnoir où se perdent les eaux de surface, fréquentes dans les pâturages, sont appelées dolines (ou emposieux, dans le parler local du massif jurassien) : elles résultent généralement de la dissolution des roches calcaires, mais aussi parfois de l’effondrement de cavités souterraines.
PIEZOMETRE
Dispositif qui permet, à partir du sol, d’avoir un accès direct à une nappe d’eau souterraine. Il s’agit d’un tube de forage par lequel on peut non seulement déterminer le niveau d’eau de la nappe et la réserve disponible, mais aussi prélever de l’eau pour analyser ses qualités physiques, chimiques et biologiques. Ces différentes mesures, nécessaires pour exploiter un aquifère de manière durable, sont faites manuellement ou à l’aide de sondes automatiques.
POROSITE, PERMEABILITE
Les mots poreux et perméables ne doivent pas être confondus car une roche poreuse (un grès par exemple) peut être perméable ou imperméable. On parle de la porosité d’un milieu lorsqu’il comporte des pores, c’est-à-dire des vides et des interstices de petite taille parfois microscopique. Et on parle de perméabilité lorsqu’un milieu est apte non seulement à se laisser pénétrer par un fluide, mais également à être complètement traversé par lui. Plus grande est cette perméabilité, plus rapide est la vitesse d’écoulement du fluide.
PUITS
Cavité verticale naturelle ou artificiellement creusée dans la terre pour atteindre une nappe souterraine et y puiser de l’eau au moyen d’un seau, d’une corde et d’un treuil ou par le biais d’une pompe, manuelle ou non. La profondeur des puits dépend de celle de l’aquifère et de la marge de sécurité offerte par leurs parois murées ou maçonnées. Il existe dans certains pays, là où le niveau d’eau n’est pas très profond, des puits relativement larges dans lesquels des escaliers ont été taillés pour s’y approvisionner directement.
QANÂT
Mot d’’origine perse désignant un système souterrain de captage et de canalisation qui récupère les eaux d’infiltration pour les amener vers les terres agricoles et les irriguer. Contrairement au puits creusé verticalement, le qanât est aménagé sous forme de tunnel horizontal, selon un dénivelé minimum qui permet l’écoulement de l’eau. Il peut mesurer plusieurs centaines de mètres (voire plusieurs kilomètres) et son débit peut atteindre plusieurs centaines (voire milliers) de mètres cubes par jour. Ce type d’aqueduc souterrain est très répandu en Asie centrale, au Proche-Orient et en Afrique du Nord (il porte alors divers noms : karez en Irak et en Afghanistan, foggara en Algérie, khettara au Maroc).
RECHARGE
La recharge est le processus hydrologique qui permet aux nappes aquifères d’être réalimentées en eau de manière à compenser les prélèvements qui ont été faits par pompage et à garantir la durabilité des ressources hydriques souterraines. Cette réalimentation se fait naturellement sous forme d’infiltration par les précipitations et par la fonte des neiges, mais aussi par le biais des cours d’eau, notamment en périodes de crues, et au travers des zones humides. Certaines interventions humaines comme la déforestation ou le bétonnage des sols peuvent toutefois freiner, voire enrayer ce processus, sans oublier les pratiques polluantes en tous genres qui, elles, nuisent à la qualité des eaux souterraines. Lorsque les quantités d’eau prélevées dépassent la capacité de la nappe à être rechargée naturellement, il est alors nécessaire de procéder à une recharge artificielle. Cela a pour effet non seulement de rehausser le niveau d’eau de l’aquifère mais aussi, parfois, d’améliorer sa qualité.
SOURCE, RÉSURGENCE
Le mot source désigne d’une part le phénomène par lequel une eau sort de la terre pour s’écouler ensuite en surface, et d’autre part l’endroit où cette eau surgit. Il est souvent accompagné d’un qualificatif qui précise le type d’exutoire (par ex. : source artésienne, issue d’une nappe captive), le débit qui peut varier considérablement selon les saisons ou les événements météorologiques (par ex. : source pérenne, intermittente, etc.), sa localisation (par ex. : source littorale), sa température (par ex. : source thermale), ou encore ses qualités chimiques (par ex. : source ferrugineuse). Le mot résurgence désigne le retour en surface d’un cours d’eau qui s’écoulait sur terre avant de disparaître dans une perte et dans un réseau souterrain.
ZONE DE PROTECTION
Les zones de protection ont pour but de protéger les captages et les eaux souterraines destinées à être utilisées comme eau potable. Elles délimitent les espaces comprenant des installations de captage et de réalimentation des nappes souterraines, à savoir : les alentours immédiats où les seules activités autorisées sont celles qui sont directement liées à la gestion de l’eau ; les terrains rapprochés (parfois plusieurs hectares) d’où sont bannies toutes les substances potentiellement polluantes (engrais, produits phytosanitaires, matériaux toxiques, etc.) ; les territoires plus éloignés (parfois tout un bassin versant) où l’on a l’assurance qu’il n’existe aucun danger pour l’eau potable (sans risque par exemple de déversement d’hydrocarbures).
Les autres articles de ce dossier :
– Les eaux souterraines : gros plan sur une ressource invisible
– Deux ou trois choses qu’il faut savoir sur les eaux souterraines en Suisse
– Trois exemples d’eaux souterraines en Suisse romande
– Eaux souterraines, un monde à découvrir (en images)
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