Agriculture
L’avenir de l’eau repose sur une agriculture plus efficace et les millions d’agriculteurs à travers le monde doivent être au centre de tout processus de changement. À l’ouverture de la conférence ministérielle du Forum, le patron de la FAO Jacques Diouf, a donc incité les gouvernements à "aider les paysans à produire plus avec moins d’eau".
Banalités
Si l’on en croit le ministre turc de l’environnement, la déclaration finale du Forum serait un véritable ‘point de repère’. Appréciation manifestement non partagée à voir la pluie de réactions dubitatives voire franchement négatives jugeant le texte insuffisant et inadapté à l’urgence de la situation. "Incolore, inodore et sans saveur", souligne un sénateur français. "Collection de platitudes", dit-on dans les milieux écologistes.
Corruption
Grande ou petite, c’est l’un des grands freins à l’accès à l’eau et à l’assainissement. La corruption ‘siphonnerait’ un tiers des budgets publics consacrés à l’eau dans les pays en développement. Augmenter les investissements dans ce secteur, oui, dit Hakan Tropp, président du Réseau pour l’intégrité dans l’eau, "mais récupérer l’argent détourné serait déjà un grand progrès".
Déclaration
La déclaration ministérielle finale, non contraignante, insiste sur la nécessité d’améliorer de par le monde l’accès à l’eau et à l’assainissement. Elle énumère les engagements à concrétiser : économies d’eau en particulier dans le domaine agricole, luttes contre la pollution des cours d’eau et des nappes phréatiques, collecte et traitement des eaux usées...
Eaux (usées)
L’effet ‘beurk’, traduction littérale du ‘yuck factor’ du jargon anglais, dit les méfiances et les réticences, voire le blocage psychologique des consommateurs face à de l’eau provenant du recyclage d’eaux usées. Les professionnels assurent qu’aujourd’hui pourtant, grâce à des technologies éprouvées, on sait transformer des eaux usées en une eau ‘parfaitement potable’.
Femmes
Au Forum, on aura vu beaucoup d’hommes en complets sombres et peu de femmes du Sud qui pourtant en savent tellement sur l’eau, affirme Joke Muylwijk directrice de l’Alliance Genre et Eau, interviewée par l’agence IPS : "Les hommes décident, les femmes travaillent. Il faudrait plus de femmes là où se prennent les décisions et davantage d’hommes au travail".
Gaspillage
Des dizaines de milliers de puits en Afrique ne sont plus entretenus, délaissés par les gouvernements ou les ONG qui les ont creusés, ce qui représente un gaspillage de centaines de millions de dollars. Constat posé par l’Institut international pour l’Environnement et le Développement, basé à Londres.
Humanitaire
Le Comité international de la Croix-Rouge a appelé les gouvernements représentés au Forum à faire plus d’efforts pour que les victimes des conflits armés aient accès à l’eau potable et aux services d’assainissement. Dans bien des conflits, les maladies, entre autres les maladies hydriques dues à des eaux impropres à la consommation, tuent davantage que les armes.
Investissements
Selon Angel Gurria, secretaire général de l’OCDE, cité par ‘Les Échos’ : "L’eau est le meilleur exemple d’investissement à "double dividende" que des incitations fiscales permettraient de favoriser". En clair : c’est bénéfique pour l’économie et pour l’environnement. Et les investisseurs seraient bien inspirés de miser davantage sur ce secteur : chaque dollar y rapporterait 8 fois plus.
Journée
Le thème de la journée mondiale de l’eau 2009 - partager les eaux transfrontalières - n’avait pas de quoi réjouir Ankara qui entend plus que jamais contrôler ses fleuves, Tigre et Euphrate, dont dépendent la Syrie et surtout l’Irak. En 1997, la Turquie avait été l’un des rares pays à refuser la Convention des Nations Unies sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux.
Kadhafien
4000 km de tuyaux de 4 mètres de diamètre pour amener de l’eau pompée sous le Sahara jusqu’au bord de la Méditerranée : la Libye a présenté à Istanbul les détails de son projet pharaonique (kadhafien ?) très controversé de vraie fausse rivière qui devrait coûter 33 milliards de dollars.
Label
Pourquoi ne pas certifier l’eau, pour la protéger, comme on le fait avec le bois pour lutter contre l’exploitation illégale des forêts ? Il n’est pas impossible, dit l’ONG australienne ‘Water Stewardship Initiative’, que dans quelques années un nouveau logo fasse son apparition sur la bière, le riz, les céréales et autres produits alimentaires pour garantir l’origine de l’eau utilisée pour leur fabrication.
Millénaire
"Atteindre, en 2015, les objectifs du millénaire, explique dans une interview à ‘L’Express’ Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l’eau initiateur du Forum, nécessitera des investissements de 30 à 100 milliards de dollars par an (…) Mais cet effort doit se traduire concrètement dans les budgets. Favoriser l’eau potable avant le téléphone portable ou les robinets avant les fusils suppose des choix courageux."
Nourriture
On estime que le consommateur chinois qui mangeait 20 kilos de viande par an en 1985 en consommera 50 kilos en 2009, ce qui se traduira par un besoin supplémentaire en eau de 390 kilomètres cubes. A titre de comparaison, en 2002, la consommation de viande par habitant était de 76 kilos en Suède et de 125 kilos aux États-Unis. (3e Rapport mondial sur l’évaluation des ressources en eau, présenté au Forum d’Istanbul)
ONU
"Nous exigeons que l’allocation de l’eau soit décidée dans le cadre d’un forum ouvert, transparent et démocratique plutôt qu’une foire commerciale pour les grands groupes mondiaux" : pour la canadienne Maude Barlow et bien d’autres militants altermondialistes de l’eau, le Forum doit être placé sous l’égide des Nations unies.
Pacte
Des élus locaux et régionaux participant au Forum ont adopté un ‘Pacte d’Istanbul pour l’eau’ signé par les représentants de 52 municipalités de quatre continents. Ce document, non contraignant, appelle à « construire des passerelles pour l’eau » et à développer ensemble des stratégies mieux adaptées aux changements en tous genres auxquels le monde doit faire face.
Qualité/Prix
À l’ouverture du Forum, la police a fait usage de canons à eau pour disperser des manifestants. Cette solution par ailleurs efficace a la préférence des autorités turques : elle coûte nettement moins cher que les gaz, et 13 ou 14 tonnes d’eau remplacent on ne peut plus avantageusement 500 bombes lacrymogènes.
Recul
Le droit à l’eau, pourtant réclamé par plusieurs pays, ne figure pas dans la déclaration ministérielle du Forum. C’est "surprenant et incohérent", estime l’ONG française ‘Action contre la Faim’. Compte tenu des immenses progrès faits en quelques années pour la reconnaissance de ce droit à tous les échelons, cette omission (volontaire) constitue selon elle "un véritable recul". Pour d’autres, le fait que ce sujet ait été longuement débattu donnerait toutefois un signal positif.
Solidarité
La Ville de Lausanne, par ailleurs signataire du Pacte d’Istanbul pour l’eau, a présenté au Forum son programme ‘Solidarité internationale eau’ et le projet de partenariat lancé avec deux communes de Madagascar, action devenue possible par sa récente décision d’engager un centime de solidarité par mètre cube d’eau vendu aux Lausannois.
Tribunal
Peu avant le Forum, un ‘tribunal international’, constitué de scientifiques et de défenseurs de l’environnement, a siégé à Istanbul et a épinglé, entre autres, la Turquie dont il dénonce les projets de barrages et les menaces qu’ils représentent à la fois pour des milliers de personnes condamnées à être déplacées et pour les richesses naturelles et historiques vouées au saccage.
Usagers
Ils sont plus de six milliards et demi sur la Terre. Mais les principaux intéressés, celles et ceux qui consomment de l’eau pour les besoins personnels et domestiques, auront fait figure de grands absents dans ce forum ’mondial’, en tout cas très mal représentés. La quasi majorité des associations de consommateurs sera restée muette.
Vagues
Les représentants d’une dizaine de pays, majoritairement latino-américains, ont signé un document parallèle, sorte de contre-déclaration dans laquelle ils réaffirment le droit des peuples à exclure l’eau des traités commerciaux et la nécessité de développer sur les problématiques de l’eau un cadre international de négociations véritablement démocratiques, équitables et transparentes.
Web
En quête d’informations, il était inutile de surfer sur le site officiel worldwaterforum5. Le jour de sa clôture, on y parlait comme si le rendez-vous était encore à venir. Seule consolation : un lien vers l’Institut international du développement durable, organisme canadien qui éditait en trois langues un bulletin quotidien de comptes-rendus factuels des débats et autres événements du Forum.
X Y Z
Quand c’est fini, ça recommence. Marseille, en France, et Durban, en Afrique du Sud, sont déjà en lice pour accueillir l’édition 2012 du Forum…
Bernard Weissbrodt
– Lire aussi l’article de présentation du
5e Forum mondial de l’eau à Istanbul