Jour après jour, le CICR dresse la liste des événements qui menacent, entre autres, l’approvisionnement en eau des Irakiens : aux bombardements qui ont détruit ou causé d’énormes dégâts aux infrastructures ont succédé les actes de pillage d’équipements, d’appareils et de véhicules indispensables à la distribution d’eau potable et à l’évacuation des eaux usées.
Selon le CICR, "le vandalisme à grande échelle qui a frappé les hôpitaux et certaines installations d’eau, venant s’ajouter aux dommages et aux pénuries causés par les opérations militaires, a rendu encore plus ardue la tâche des professionnels de la santé et de l’eau qui s’efforcent de préserver le fonctionnement de services publics essentiels".
Pompes, réservoirs, camions-citernes, etc…
Le service des eaux de Bagdad a ainsi perdu la totalité de son matériel et de l’équipement de ses entrepôts, y compris l’ensemble de ses véhicules et de ses pièces détachées.
La plupart des camions-citernes des sociétés de transport d’eau engagées par le CICR pour desservir le quartier de Rasafa ont été pillés. La majeure partie des réservoirs à eau souples et des rampes de distribution qu’il y avait installées ont disparu.
Dès lors, la priorité numéro un de l’action humanitaire est de protéger les établissements publics de première nécessité (hôpitaux, centres d’approvisionnement et autres) contre les pillards, voleurs et groupes armés.
Protéger le personnel médical et technique
C’est la condition sine qua non pour que non seulement le personnel médical puisse reprendre son travail, mais aussi pour que le personnel d’appui technique soit en mesure de remettre en service les installations absolument indispensables à la sauvegarde du minimum vital de la population.
Rétablir l’approvisionnement en eau implique entre autres - comme cela s’est fait dans le sud du pays - que les centrales et les réseaux électriques qui alimentent les stations de pompage et de traitement d’eau soient remises rapidement en service..
Le CICR insiste également sur l’obligation faite aux forces d’occupation de faire en sorte que la population soit approvisionnée en eau. Il a dans ce sens servi d’intermédiaire entre les responsables irakiens du service des eaux de Bagdad et les coordonnateurs américains des affaires civiles qui, d’un commun accord, ont pu arrêter toute une série de mesures prioritaires qui vont de la protection des sites aux premiers travaux de réparation.
Douze ans d’efforts à recommencer
Dès la fin de la guerre du Golfe en 1991, le CICR s’était très fortement engagé en Irak dans la réhabilitation des infrastructures d’eau potable et de traitement des eaux usées.
Mais, au fil des ans, l’un des résultats des sanctions commerciales imposées à ce pays a été la détérioration de ses infrastructures : la qualité insuffisante de l’eau n’a cessé de présenter un risque majeur pour la santé publique.
Le peu de ressources disponibles était presque exclusivement consacrée à l’approvisionnement en eau potable, au détriment évident du traitement des eaux usées et polluées.
En 1999, le CICR avait mis en place des mesures d’urgence pour garantir à la population irakienne - et si possible à long terme - un minimum de 20 litres d’eau par personne et par jour.
Au bilan, et juste avant que ne commence la guerre, le CICR avait participé à la réhabilitation de 282 usines de traitement de l’eau et 46 stations d’épuration des eaux usées, cela au bénéfice d’environ neuf millions de personnes. (bw)
Lire le dossier spécial du CICR sur la crise de l’eau en Irak
Lire aussi sur le site web du CICR :
Le statut de l’eau en droit humanitaire
(étude de Théo Boutruche, décembre 2000)
La protection de l’eau en période de conflit armé
(étude de Ameur Zemmali, octobre 1995)