Ce thème a été abordé à Berlin lors de la dernière Bourse internationale du tourisme (ITB) et Marta Smith de l’agence IPS (Inter Press Service) s’en est fait l’écho. Elle cite entre autres une contribution de Karl Wolfgang Menck, de l’Institut d’économie internationale de Hambourg, lequel explique que si jusqu’ici l’on n’a pas accordé beaucoup d’attention à cette problématique, c’est parce que "les destinations africaines préférées des touristes ne sont pas touchées par les problèmes d’approvisionnement en eau".
Mais, si on y regarde de plus près, force est de constater par exemple qu’en Afrique australe - où transite un tiers des touristes du continent - ce genre de considérations est quelque chose de crucial, puisque l’eau doit être captée très loin des lieux où elle va être consommée. Ce qui entraîne d’énormes coûts.
Un Africain sur 4 manque d’eau potable
Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) partage ces inquiétudes. Car aujourd’hui, selon les chiffres obtenus par Marta Smith, 206 millions d’Africains vivent dans des pays souffrant de stress hydrique (entre 1’000 et 1’700 m3 d’eau par personne et par an) ou de pénurie (moins de 1’000 m3), c’est-à-dire largement en-dessous du minimum vital. Selon certaines projections, ce chiffre pourrait, en 2025, atteindre les… 700 millions !
Selon le PNUE, il y avait en Afrique, cinquante ans en arrière, quatre fois plus d’eau par habitant qu’aujourd’hui. Aujourd’hui un peu partout l’eau potable se fait de plus en plus rare. La situation est certes bien différente en région forestière ou en savane, dans le monde rural ou en ville. Mais, de façon globale, l’eau fait ici et là cruellement défaut, tant pour la santé des humains que pour leurs activités agricoles ou industrielles. Sans parler des périodes de crises, sécheresses ou inondations.
Autrement dit, nombre de pays africains sont en quelque sorte pris en tenailles entre d’une part la demande croissante d’approvisionnement en eau douce et d’autre part des ressources limitées voire de plus en plus polluées. Les choix sont difficiles et appellent des solutions concertées à tous les niveaux locaux, nationaux et internationaux.
Difficiles choix politiques et économiques
C’est dans ce décor d’incertitudes que s’inscrivent les projets touristiques que certains considèrent comme l’un des plus grands atouts du développement économique du continent.
Et même si le tourisme - l’écotourisme que souhaitent les dirigeants africains - ne représente pas la part la plus importante des prélèvements d’eau, on s’attend généralement à ce que la forte croissance de ce secteur augmente considérablement la pression sur les ressources naturelles.
Karl Wolfgang Menck, cité par IPS, en conclut que "l’utilisation efficace et durable des ressources en eau devrait faire partie des stratégies de tous les promoteurs du tourisme". En clair : il faut davantage informer les touristes, le personnel des hôtels et les populations locales et les inciter à utiliser l’eau de manière responsable.
Liens utiles
– Site de la Bourse internationale du tourisme de Berlin (allemand/anglais)
– L’article de Marta Smith sur le site de IPS (en anglais)