En France, le Centre d’analyse stratégique (CAS) a pour tâche principale d’assister le gouvernement dans la définition et la mise en œuvre de ses différentes orientations en matière économique, sociale, environnementale ou technologique. À ce titre il édite régulièrement des documents de travail et vient de publier trois notes d’analyse sur les enjeux de l’eau en France - ainsi qu’une quatrième sur "Le défi alimentaire de l’Afrique à l’aune de ses ressources en eau."
– La première des analyses porte sur la rationalisation des dépenses dans le domaine de l’eau : si, le siècle passé, la priorité était d’approvisionner la population grâce à la construction d’infrastructures et de réseaux performants, celle du 21e siècle sera de protéger les ressources hydriques dans leur ensemble. Cela implique, entre autres mesures, de revoir les règles budgétaires des collectivités locales afin d’améliorer la transparence financière et la gestion des services des eaux (on en compte plus de 35’000 sur le territoire national), mais aussi examiner la possibilité d’augmenter le taux de la TVA sur les engrais azotés pour se donner les moyens de lutter plus efficacement contre les pollutions diffuses, et de se donner les moyens de mieux concilier les intérêts de la production agricole et les nécessités de la protection de l’environnement.
– Dans un deuxième volet, le CAS se demande ce qu’il conviendrait de faire pour améliorer la soutenabilité de la tarification de l’eau pour les ménages. En France, les ménages supportent actuellement quelque 46 % des dépenses totales de l’eau (26 milliards d’euros) et les entreprises 36 % environ pour une participation quasi nulle des agriculteurs. Pour concilier au mieux efficacité économique et environnementale et équité sociale, les experts proposent donc de revoir le système de tarification de l’eau potable (notamment par l’introduction de tarifications progressives et l’augmentation de la part variable au détriment de la part fixe), d’instaurer une rémunération des services des eaux en fonction d’indicateurs de performance environnementale et sociale, et de rééquilibrer le financement de l’assainissement des eaux pluviales urbaines (via une taxe sur les terrains imperméabilisés, par exemple).
– Enfin, le CAS se livre à une analyse des risques stratégiques de la gestion quantitative de l’eau. A l’horizon 2030, malgré l’impact des changements climatiques, la France ne devrait pas connaître globalement de rupture structurelle majeure dans son équilibre entre les besoins et les disponibilités en eau. Mais de fortes disparités locales sont à prévoir, en particulier des déficits chroniques dans les bassins de l’Adour et de la Garonne, en Seine-Normandie et dans le Sud-Est marqué par une baisse des débits du Rhône. Le CAS suggère entre autres de favoriser chez les agriculteurs l’adoption de systèmes de cultures plus résistants à la sécheresse et de techniques économes en eau, d’encourager les collectivités locales à réduire les fuites dans les réseaux et le gaspillage d’eau potable, et de sécuriser davantage encore l’approvisionnement en eau des zones confrontées à des risques de pénurie d’eau.
(Source : CAS)
– Ces trois notes d’analyse sont disponibles sur le site du Centre français d’analyse stratégique