"Nous sommes persuadés que nous pouvons mieux gérer l’eau et faire ainsi un grand pas en avant vers le développement durable. Plusieurs éléments déterminants – des clefs – doivent être réunis :
1. La première clef consiste à assurer la sécurité des pauvres en matière d’accès à l’eau – afin de réunir les conditions de leur subsistance, de leur santé, de leur bien-être, de leur capacité de production et de leur sécurité alimentaire et de réduire leur vulnérabilité face aux catastrophes. Il faudra à cet effet rester à l’écoute des pauvres et connaître leurs besoins les plus pressants en matière de sécurité de l’accès à l’eau. L’heure est venue, compte tenu de l’engagement pris par les pays et par la communauté internationale en matière d’accès à l’eau potable, d’affirmer aussi la volonté de réduire de moitié le nombre de ceux qui n’ont pas accès à l’assainissement.
2. La deuxième clef est la décentralisation. Le niveau local est le point de convergence des politiques nationales et des besoins des communautés. Lorsqu’il leur est donné le pouvoir d’agir et les moyens de le faire, et pour autant qu’elles soient aidées à renforcer leurs capacités, les autorités locales peuvent faire preuve d’une plus grande réceptivité et d’une meilleure transparence dans la gestion de l’eau et accroître la participation de tous – femmes et hommes, agriculteurs et pêcheurs, jeunes et vieux, citadins et campagnards.
3. La troisième clef est la formation de nouveaux partenariats. Pour susciter une plus grande sagesse vis-à-vis de la gestion de l’eau, nettoyer nos captages et aller au-devant des communautés, il faudra constituer de nouvelles coalitions. Des communautés dynamisées et organisées seront à même de trouver des solutions novatrices. Une citoyenneté informée est un bouclier contre la corruption. Les nouvelles technologies, aussi bien que les techniques traditionnelles et les connaissances autochtones, peuvent y contribuer. Le présent dialogue, qui fait intervenir à Bonn toutes les parties prenantes, s’inscrit dans ce processus.
4. La quatrième clef est celle d’une harmonie durable avec la nature et le voisinage par des arrangements concertés au niveau du bassin versant, y compris les masses d’eau qui baignent de nombreux rivages. Une gestion intégrée des ressources en eau permettra de rassembler tous les utilisateurs autour de la nécessité de mettre les informations en commun et de prendre des décisions de façon concertée. La question du cadre juridique et de la forme que les instruments pourraient prendre est certes loin d’être réglée, mais il est indéniable qu’il faudra renforcer la coopération au sein des bassins fluviaux et donner plus de vitalité et de validité aux accords conclus.
5. La cinquième clef, qui est déterminante, est la conclusion d’accords de gouvernance plus puissants et plus performants. Il faudra dès à présent concevoir des stratégies nationales de gestion de l’eau afin que les pouvoirs publics puissent s’acquitter de leurs responsabilités fondamentales : édicter des lois, règles et normes et passer de la prestation de services à la création et à la gestion d’un cadre juridique et réglementaire utile. De bons arrangements réglementaires, c’est-à-dire des instruments qui sont transparents et dont l’application peut être observée, ouvrent la voie à des services efficaces, opérants et financièrement viables. Ceux-ci, à leur tour, autoriseront une amélioration des prestations aussi bien du secteur public que du secteur privé.
L’eau est essentielle à la satisfaction de nos besoins en matière de santé et de spiritualité ainsi qu’à notre confort, à notre subsistance et à nos écosystèmes. Pourtant, la qualité de cette ressource est partout en déclin, et aussi bien l’homme que les écosystèmes en subissent le contrecoup. De plus en plus de personnes vivent dans des milieux très fragiles. Les inondations et les sécheresses frappent de plus en plus de populations et nombreux sont ceux qui vivent dans le dénuement. Nous pouvons agir, et nous le devons. Nous détenons les clefs du succès."