Soucieuse de maîtriser son développement spatial, La Chaux-de-Fonds se dote d’un plan d’urbanisme original. Au prix de considérables efforts financiers aussi bien publics que privés, la ville s’équipe d’infrastructures culturelles, scolaires, sanitaires, et de transports.
Entre 1800 et 1887, date d’inauguration de l’adduction d’eau, la population est multipliée par cinq, passant de 5’000 à 25’000 habitants. La présence d’une eau pure en abondance est l’une des conditions de la survie et du développement de cette communauté. Or, dans le Jura neuchâtelois, l’eau est une richesse cachée, elle abonde dans les profondeurs des nappes phréatiques.
Les sources proches s’étant révélées d’un débit insuffisant, les autorités accordent leur confiance au projet audacieux de l’ingénieur Guillaume Ritter. L’eau captée dans les gorges de l’Areuse est "hissée" au sommet du massif en utilisant l’énergie hydraulique de la rivière. Elle est conduite à destination au travers d’un réseau souterrain de près de 20 km utilisant la pente naturelle du terrain. Ce projet devisé à deux millions de francs a été largement accepté par 1’649 voix contre 209 en 1885, en pleine récession économique.
Avec l’acquisition de l’usine à gaz par la Municipalité en 1885, l’adduction constitue le deuxième maillon des futurs Services Industriels dont l’offre sera complétée en 1897 avec l’infoduction de l’électricité. L’eau au robinet facilite la vie quotidienne des ménagères et améliore le confort et l’hygiène de toute la population. Elle permet aussi de lutter plus efficacement contre le feu, un fléau qui hante l’imaginaire collectif depuis l’incendie qui détruisit une grande partie du village en 1794.
Pour célébrer l’arrivée de l’eau de l’Areuse, on inaugure, en 1888, une fontaine monumentale et on procède à un réaménagement urbain qui marque aujourd’hui encore le visage du centre ville : on transforme la rue principale en une avenue à deux voies séparées par un trottoir central planté d’arbres. La fontaine constitue le point de départ de la perspective de cette avenue qui reste sans fermeture vers l’ouest. Comme si La Chaux-de-Fonds continuait de rêver à des développements infinis…
(Extrait du dossier de presse de Point(s) d’eau,