C’est la bouteille d’eau des glaces groenlandaises de la marque canadienne « Berg », vendue par le Groupe Manor, qui remporte en 2020 la « Pierre du diable » décernée chaque année par l’Initiative des Alpes, une association suisse qui depuis 1989 milite pour la protection des régions alpines contre les effets négatifs du trafic de transit.
Cette vraie fausse distinction, qui montre du doigt des produits symptomatiques de l’augmentation des transports de marchandises, dénonce cette fois-ci une eau commerciale issue de la fonte des glaces du Groenland et transportée sur plus de 9600 kilomètres, soit une pollution de 794 g de CO₂ par bouteille de 750 ml. « C’est une absurdité et un cercle vicieux, affirme Jon Pult, député grison au Conseil national et président de l’Initiative des Alpes : on extrait le froid de la mer, le transport par bateau réchauffe en plus l’atmosphère et renforce l’effet de serre. Ce transport est d’autant plus absurde que nous avons en Suisse de l’eau potable qui coule presque gratuitement. »
Du côté de Manor, on dit prendre la critique au sérieux : d’ici à la fin de l’année, le grand distributeur entend désormais se concentrer sur des eaux régionales et nationales et retirera de la vente sa ligne intercontinentale "Eaux du monde" qui compte une dizaine d’eaux minérales.
La « Pierre du diable » a son pendant positif, le « Cristal de roche », qui récompense la promotion de la gastronomie régionale. Il a été attribué cette année à l’ « Automne culinaire », un projet de l’association faîtière Alpinavera pour les produits d’alpage et de montagne en collaboration avec les associations de l’hôtellerie et de la gastronomie des Grisons, d’Uri et de Glaris.