Dans le rapport – le cinquième - qu’il a rédigé à l’attention de l’Assemblée générale des Nations Unies, le professeur américain Richard Falk a une nouvelle fois attiré l’attention, entre autres, sur le manque d’eau potable et d’installations d’assainissement adéquates dans la bande de Gaza. Il y a de quoi s’en préoccuper, écrit-il, "eu égard au contrôle quasi exclusif qu’exerce Israël sur l’ensemble des ressources en eau souterraine et en eau de surface en Palestine".
Il souligne en particulier que 90 % de l’eau souterraine de la bande de Gaza est impropre à la consommation en raison à la fois de la pollution due aux eaux d’égouts et de l’infiltration d’eau salée. L’an dernier, des sources onusiennes indiquaient déjà que cet aquifère côtier, dont dépend la très grande majorité de la population gazouie, pourrait devenir inutilisable dès 2016, et que cette détérioration pourrait devenir irréversible quelques années plus tard.
L’eau du robinet étant polluée, de nombreuses familles sont contraintes d’acheter, au prix fort, de l’eau à des vendeurs extérieurs ou de s’approvisionner en eau de mer dessalée fournie par la société de distribution des municipalités côtières, ce qui, selon le Rapporteur onusien, constitue un fardeau déraisonnable quand on compare son prix au revenu moyen des ménages vivant en-dessous du seuil de pauvreté.
Cette pénurie d’eau et l’insuffisance des installations d’assainissement sont de plus aggravées par le blocus israélien qui ralentit la réalisation des projets d’infrastructures et par la destruction des aménagements lors des opérations militaires israéliennes. Depuis 2005, lit-on dans le document du Rapporteur, 306 puits au moins ont été détruits dans les zones d’accès restreint.
La situation en Cisjordanie, caractérisée par une répartition inégale des ressources en eau, n’est pas moins préoccupante : alors que les colonies de peuplement israéliennes bénéficient d’adductions d’eau pour l’irrigation, les agriculteurs palestiniens dépendent en grande partie de citernes et de camions-citernes. Cela a pour effet de renchérir le coût de la production, de restreindre les surfaces exploitables et de contraindre les agriculteurs à pratiquer des cultures pluviales nettement moins rentables que les cultures irriguées (6,8 % seulement des terres cultivées par des Palestiniens en Cisjordanie sont irriguées).
L’État israélien, qui bénéficie d’un droit de veto sur les décisions de l’instance accordant les autorisations de forage et d’exploitation des puits, peut limiter le développement des infrastructures hydriques dont ont besoin les communautés palestiniennes. À cela s’ajoute le fait que les autorités israéliennes ont également le pouvoir d’ordonner la démolition des installations d’approvisionnement en eau jugées illicites.
Dans ses conclusions, Richard Falk "recommande qu’Israël mette fin immédiatement à ses politiques et pratiques discriminatoires qui ont pour objet de dénier aux Palestiniens la part des ressources qui leur revient dans les ressources en eau en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. En particulier, Israël doit cesser de démolir les installations de collecte d’eau, y compris les puits et les réservoirs d’eau sous prétexte qu’ils ont été mis en service sans autorisation valable."
(Source : Assemblée générale des Nations Unies)
– Le document (A/68/376) du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 est disponible sur le site des Nations Unies
– Voir aussi l’article aqueduc.info : "À Gaza, l’eau pourrait bientôt ne plus être potable" (3 septembre 2012)