AccueilInfosOn en parle

20 septembre 2022.

« Eaux suisses » :
un état des lieux

Pour la première fois, on dispose d’une étude globale sur le (...)

Pour la première fois, on dispose d’une étude globale sur le réseau hydrographique suisse. Initiée par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), cette synthèse originale, réalisée sur la base d’observations et de données collectées à différents niveaux jusqu’en 2020, met en évidence réussites et déficiences : il est démontré d’une part que de nombreuses mesures prises en matière de protection des eaux se sont révélées efficaces au niveau local, mais aussi, d’autre part, que de gros efforts restent à faire pour contrer l’appauvrissement croissant de la biodiversité des milieux aquatiques, sans oublier de prendre soin des eaux souterraines qui fournissent l’essentiel de l’eau potable.

Les bonnes notes de l’épuration des eaux usées
et des projets de renaturation

Si la qualité des eaux des lacs et des cours d’eau s’est améliorée ici et là au cours des dernières décennies, constate cette étude, c’est grâce aux investissements consentis dans les domaines de l’assainissement urbain et de l’épuration des eaux usées. Les concentrations de phosphore dans les lacs ont nettement diminué et il est désormais possible, à peu près partout, de se baigner sans risque. Les nouveaux traitements pratiqués dans les STEP ont quant à eux d’ores et déjà permis de réduire la quantité de micropolluants dans les eaux usées.

Depuis la révision de la loi fédérale sur la protection des eaux en 2011, de nombreux travaux de renaturation ont été également entrepris pour donner davantage d’espace aux cours d’eau, réaménager voire supprimer les ouvrages qui empêchaient leur écoulement naturel et rétablir les conditions indispensables au développement de la biodiversité aquatique. Selon le rapport de l’OFEV, ces mesures se révèlent efficaces au niveau local, mais des efforts restent à fournir pour rendre l’ensemble du réseau hydrographique plus proche de l’état naturel.

Des réponses insuffisantes
aux exigences légales minimales

Mais dans ce bilan, il faut aussi mettre les déficits en évidence : les pesticides issus de l’agriculture et les résidus de médicaments dans les eaux usées urbaines polluent non seulement de nombreux petits et moyens cours d’eau, principalement en plaine, mais aussi les nappes souterraines. Certaines d’entre elles ne peuvent plus être exploitées pour l’approvisionnement en eau potable.

Ici et là des lacs et des cours d’eau contiennent encore trop de phosphore et d’azote, et à cause de cela des plantes et des poissons souffrent du manque d’oxygène et sont menacées de disparition. Le Parlement fédéral s’en est inquiété l’an dernier et a demandé notamment que les stations d’épuration éliminent davantage d’azote et de micropolluants des eaux usées.

Les changements climatiques augmentent
la pression sur les eaux

Un exemple parmi d’autres : à Bâle, suite au réchauffement climatique, la température des eaux du Rhin a augmenté de plus de 2 °C depuis les années 1960. Les espèces animales et végétales qui préfèrent les eaux fraîches (comme les truites de rivière) se font alors plus rares tandis que s’installent des espèces moins exigeantes, souvent exotiques (comme les moules invasives). L’ampleur des atteintes aux eaux se reflète également dans les listes rouges : plus de 50 % de toutes les espèces vivant dans les milieux aquatiques et riverains sont menacées ou ont d’ores et déjà disparu.

La réponse qui devrait être apportée est connue : plus les cours d’eau sont proches de leur état naturel, plus ils sont résilients face aux changements climatiques et se régénèrent d’eux-mêmes. Dans ces conditions, rapprocher le réseau hydrographique de l’état naturel est la meilleure des mesures à prendre pour qu’il continue d’offrir des réserves suffisantes d’eau potable, un milieu riche en biodiversité et un espace de qualité propice aux activités de détente. (Source : OFEV)

 À télécharger : Eaux suisses, État et mesures, Publié par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), 88 pp., Berne, 2022




Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


Contact Lettre d'information