l y a fort longtemps - quelques milliards d’années - la planète Mars était semble-t-il entourée d’une couche d’atmosphère suffisamment épaisse pour y maintenir des conditions de pression et de température permettant à l’eau de circuler sur sa surface. Elle avait sans doute ses océans, ses lacs et ses rivières.
Aujourd’hui, le décor est tout autre. Mars possède une atmosphère très réduite. Conséquences : l’insuffisance de pression fait que l’eau ne peut y exister à l’état liquide et la petite quantité de vapeur d’eau qui subsiste ne se trouve - températures négatives obligent - que sous forme de glace, brouillards givrants ou calottes polaires.
Des empreintes d’eau dans le paysage
Depuis que les différentes missions de la Nasa ont permis de recueillir de nombreuses données sur Mars, grâce en particulier aux sondes Global Surveyor (1997) et Odyssey (2001), on sait que les paysages de la planète sont parcourus de sillons et ravines. En été 2000, puis à la fin de l’année dernière, Michael Malin et Kenneth Edgett, deux scientifiques américains étroitement impliqués dans l’analyse des images envoyées par les sondes, ont révélé dans la revue "Science" qu’ils avaient notamment repéré, près du cratère Holden, trois importantes structures topographiques, à savoir des traces de lits de rivières, de méandres et d’un vaste delta de dépôts alluviaux.
Ils en tiraient la conclusion que jamais un paysage martien n’a fourni "autant de caractéristiques d’érosion fluviale, de transport et d’accumulation de matériaux". Et que certaines vallées de la planète ont connu durant de longues périodes "le même type de ruissellement continu ou persistant que les rivières sur la Terre".
L’autre information importante, selon les deux scientifiques, est que ces marques d’écoulements et d’érosion liée à l’eau seraient relativement récentes. Entendez : "entre des millions et des milliers d’années !"
Pourquoi, et où donc ?
S’il est certain aujourd’hui que jadis la planète Mars détenait d’importantes quantités d’eau liquide à sa surface, il faudrait donc, d’un point de vue scientifique, répondre au moins à deux questions : pourquoi cette eau a-t-elle disparu et où se trouve-t-elle ?
Deux explications sont souvent avancées à la première de ces questions : cette disparition serait due ou bien au fait que Mars aurait plusieurs fois basculé sur son axe, ou bien aux différents changements climatiques qui s’y sont succédés.
Où a-t-elle disparu ? Là aussi deux hypothèses qui peuvent aller de pair : ou bien l’eau transformée en vapeur a été dispersée dans l’espace, ou bien suite au refroidissement elle a gelé dans le sol. On sait en tout cas qu’il y a de la glace dans les pôles de la planète. Et l’on suppose aussi que de l’eau est également stockée dans les pergélisols ou permafrosts (sols gelés en permanence) de la planète.
Certains spécialistes pensent même qu’il n’est pas impossible que le sous-sol de Mars renfermerait des nappes aquifères, pas très éloignées de la surface (à une profondeur allant de 100 à 400 mètres). Et qu’il suffirait peut-être qu’un astéroïde y fasse un gros trou pour en avoir la preuve…
Face à tant d’hypothèses et d’autres plus ou moins bien étayées, on comprend l’impatience des scientifiques à analyser toutes les données que les deux robots-sourciers s’apprêtent à recueillir et transmettre à la NASA. Avec le secret espoir de pouvoir annoncer un jour - mais ce n’est sans doute pas demain la veille - qu’il y a un peu de bleu sur la planète rouge. Et donc peut-être aussi un semblant de vie… (bw)
Sources :
– Mars Exploration Rovers Mission (site de la NASA)
– Science Magazine
Enycyclopédie Universalis, article "Mars"
L’or bleu, encyclopédie interactive de l’eau (UNESCO)