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7 janvier 2004.

Deux robots-sourciers de la NASA en quête d’eau sur Mars

Le 6 janvier 2004, à peine débarqué sur la planète Mars, le (...)

Le 6 janvier 2004, à peine débarqué sur la planète Mars, le robot mobile "Spirit" a envoyé à la NASA ses premières images du site Gusev Crater. Des images trois fois plus détaillées que celles de Pathfinder en 1997. Le 25 janvier prochain, si tout va bien, l’autre robot, "Opportunity", se posera dans un autre endroit de la planète, à Meridiani Planum. Ces deux robots partagent une même mission : recueillir un maximum de données géologiques sur leurs sites respectifs pour permettre d’en savoir plus sur l’histoire locale du climat et de l’eau. De quoi alimenter un très vieux débat scientifique : y a-t-il du bleu sur la planète rouge ?

l y a fort longtemps - quelques milliards d’années - la planète Mars était semble-t-il entourée d’une couche d’atmosphère suffisamment épaisse pour y maintenir des conditions de pression et de température permettant à l’eau de circuler sur sa surface. Elle avait sans doute ses océans, ses lacs et ses rivières.

Aujourd’hui, le décor est tout autre. Mars possède une atmosphère très réduite. Conséquences : l’insuffisance de pression fait que l’eau ne peut y exister à l’état liquide et la petite quantité de vapeur d’eau qui subsiste ne se trouve - températures négatives obligent - que sous forme de glace, brouillards givrants ou calottes polaires.

Des empreintes d’eau dans le paysage

Depuis que les différentes missions de la Nasa ont permis de recueillir de nombreuses données sur Mars, grâce en particulier aux sondes Global Surveyor (1997) et Odyssey (2001), on sait que les paysages de la planète sont parcourus de sillons et ravines. En été 2000, puis à la fin de l’année dernière, Michael Malin et Kenneth Edgett, deux scientifiques américains étroitement impliqués dans l’analyse des images envoyées par les sondes, ont révélé dans la revue "Science" qu’ils avaient notamment repéré, près du cratère Holden, trois importantes structures topographiques, à savoir des traces de lits de rivières, de méandres et d’un vaste delta de dépôts alluviaux.

Ils en tiraient la conclusion que jamais un paysage martien n’a fourni "autant de caractéristiques d’érosion fluviale, de transport et d’accumulation de matériaux". Et que certaines vallées de la planète ont connu durant de longues périodes "le même type de ruissellement continu ou persistant que les rivières sur la Terre".

L’autre information importante, selon les deux scientifiques, est que ces marques d’écoulements et d’érosion liée à l’eau seraient relativement récentes. Entendez : "entre des millions et des milliers d’années !"

Pourquoi, et où donc ?

S’il est certain aujourd’hui que jadis la planète Mars détenait d’importantes quantités d’eau liquide à sa surface, il faudrait donc, d’un point de vue scientifique, répondre au moins à deux questions : pourquoi cette eau a-t-elle disparu et où se trouve-t-elle ?

Deux explications sont souvent avancées à la première de ces questions : cette disparition serait due ou bien au fait que Mars aurait plusieurs fois basculé sur son axe, ou bien aux différents changements climatiques qui s’y sont succédés.

Où a-t-elle disparu ? Là aussi deux hypothèses qui peuvent aller de pair : ou bien l’eau transformée en vapeur a été dispersée dans l’espace, ou bien suite au refroidissement elle a gelé dans le sol. On sait en tout cas qu’il y a de la glace dans les pôles de la planète. Et l’on suppose aussi que de l’eau est également stockée dans les pergélisols ou permafrosts (sols gelés en permanence) de la planète.

Certains spécialistes pensent même qu’il n’est pas impossible que le sous-sol de Mars renfermerait des nappes aquifères, pas très éloignées de la surface (à une profondeur allant de 100 à 400 mètres). Et qu’il suffirait peut-être qu’un astéroïde y fasse un gros trou pour en avoir la preuve…

Face à tant d’hypothèses et d’autres plus ou moins bien étayées, on comprend l’impatience des scientifiques à analyser toutes les données que les deux robots-sourciers s’apprêtent à recueillir et transmettre à la NASA. Avec le secret espoir de pouvoir annoncer un jour - mais ce n’est sans doute pas demain la veille - qu’il y a un peu de bleu sur la planète rouge. Et donc peut-être aussi un semblant de vie… (bw)


Sources :

 Mars Exploration Rovers Mission (site de la NASA)
 Science Magazine

Enycyclopédie Universalis, article "Mars"
L’or bleu, encyclopédie interactive de l’eau (UNESCO)



Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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