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31 janvier 2009.

Davos : le monde doit changer sa façon de gérer l’eau

Si le monde continue à gérer l’eau comme il l’a fait jusqu’à (...)

Si le monde continue à gérer l’eau comme il l’a fait jusqu’à présent, c’est toute l’économie qui s’effondrera. Pour la bonne raison que l’eau constitue le point commun vital entre l’alimentation, l’énergie, le climat, la croissance économique et la sécurité humaine. C’est l’avertissement que lance le Forum économique mondial dans un rapport publié à Davos (Suisse) où il tient sa réunion annuelle 2009.

Au vu des différents scénarios possibles au cas où persisteraient les tendances actuelles dans ses usages, la demande en eau ne cessera d’augmenter et sera toujours plus forte que la croissance démographique. Selon les auteurs du rapport du Forum économique mondial (WEF), la sous-tarification de l’eau un peu partout dans le monde explique les abus et les gaspillages. Du coup, nombre de régions sont aujourd’hui au bord de la faillite de leurs réserves en eau, suite aux "bulles" spéculatives qui se sont développées autour de cette ressource durant les cinquante dernières années. Le rapport met quelques points particulièrement en évidence :

 Agriculture : d’ici à 2025, la pénurie d’eau pourrait affecter les cultures céréalières d’un tiers de leur rendement, soit l’équivalent des récoltes cumulées de l’Inde et des États-Unis, alors même que la demande alimentaire continuera de croître.

 Énergie : la production énergétique représente quelque 39 % de tous les prélèvements d’eau aux États-Unis et 31 % dans l’Union européenne (seuls 3 % de l’eau prélevée sont réellement consommés). Dans les deux prochaines décennies, on assistera à une concurrence accrue pour l’accès à l’eau entre les besoins hydroélectriques et ceux des autres secteurs de l’économie, notamment ceux de l’agriculture qui devra faire face à une augmentation de la demande.

 Environnement : les glaciers, qui constituent d’énormes réserves d’eau, sont en train de fondre à un rythme de plus en plus rapide. Cela aura de grosses conséquences dans de nombreux pays : l’exemple le plus sensible est sans doute celui des glaciers de l’Himalaya et du Tibet qui alimentent sept des plus grands fleuves du monde et fournissent l’eau à plus de 2 milliards de personnes.

 Économie et finances : Dans les deux décennies à venir, l’eau va devenir un thème de prédilection pour les investisseurs pour qui elle représente déjà un meilleur placement que le pétrole. Si ce secteur est bien régulé, il permettra de mobiliser davantage de fonds pour les infrastructures et les technologies de l’eau.

Selon Dominic Waughray, responsable des initiatives environnementales du Forum économique mondial et coordinateur du rapport, « le thème central des discussions engagées à Davos sur le thème de l’eau tient en un vigoureux appel venu de toutes parts pour que les hommes politiques, les experts, la société civile et le monde des affaires s’intéressent durablement à ces problèmes. Le ralentissement économique actuel offre une réelle opportunité de se préoccuper de cette crise émergente de l’eau. Pour les nombreux partenaires qui s’y engagent, la gestion des futurs besoins en eau apparaît comme une question urgente à laquelle on peut réellement apporter des solutions. » (Source : communiqué WEF)

 Le rapport « World Economic Forum Water Initiative” est disponible (en anglais) sur le site du WEF




Infos complémentaires

:: Déclaration sur l’eau du Forum social mondial de Bélem

Organisé parallèlement au Forum économique mondial de Davos, le Forum social mondial (alternatif) de Bélem, au Brésil, a pris position sur de très nombreux thèmes d’actualité. Entre autres déclarations, celle de l’Assemblée de l’Eau. Extrait.

Les mouvements s’occupant de l’eau, réunis à l’occasion du Forum social mondial à Belem, pensent que le modèle économique actuel a déclaré la guerre à la nature : l’eau, l’air, la terre et les forêts, et tous les biens naturels.

La crise mondiale - sociale, environnementale et économique - est également manifeste dans l’accès à l’eau et aux services d’assainissement qui est dépendant des principes économiques dans lesquels il fonctionne, en divisant l’humanité entre inclus et exclus. De la même façon, cette crise de la civilisation se manifeste par les changements climatiques. Il est donc clair que les "réponses" au chaos climatique dans le secteur de l’énergie suivent la même logique qui a conduit à la catastrophe qui compromet la qualité et la quantité de l’eau et de la vie sur la planète : les barrages, les centrales nucléaires, les plantations pour les agro-carburants. En outre, le modèle de l’agriculture industrielle à forte intensité d’entrée d’énergie fossile pollue et détruit l’eau et les sols agricoles en faisant obstacle, de ce fait, à l’indispensable souveraineté alimentaire des peuples.

Les mouvements de l’eau, qui renvoient aux principes fondamentaux qu’ils avaient déjà émis à Mexico en 2006, rappellent également qu’ils continueront à exiger l’exclusion de l’eau des accords de l’OMC et des autres accords internationaux, bilatéraux ou multilatéraux, visant à développer la libéralisation des échanges et des investissements.

 Le texte complet de la Déclaration de l’Assemblée de l’Eau est disponible, dans sa version originale espagnole, sur le site du Forum social mondial de Bélem

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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