On estime qu’environ 10 % des puits et des captages d’eau souterraine servant à des usages domestiques ou agricoles sont contaminés par de l’arsenic ou du fluor, en particulier dans des pays en développement. Ces éléments proviennent de roches et de sédiments naturels dissous par l’eau lorsqu’elle entre à leur contact. Ils y sont présents en faible quantité mais s’ils sont ingérés à forte dose ou sur une longue période, ils ont de graves effets sur la santé : trop de fluor affecte la dentition et la croissance, l’ingestion chronique d’arsenic provoque des maladies de la peau et peut entraîner des troubles cardiovasculaires voire des cancers (*).
En 2008, des chercheurs de l’Eawag ont mis au point une méthode permettant d’établir des cartes des risques de contamination des eaux souterraines par les éléments d’origine géologique sans avoir à effectuer d’analyses dans tous les puits, forages et aquifères des régions concernées. La fiabilité de ce modèle scientifique a pu être démontrée dans plusieurs pays, notamment au Bangladesh, au Viêt Nam et à Sumatra, et plus particulièrement en Chine où une vingtaine de millions de personnes vivent dans des zones à risque, y compris dans des régions longtemps jugées sans danger.
Une aide à la recherche locale
Mais l’élaboration d’une carte des risques demande un travail et des moyens techniques et financiers que les pays en développement ne sont pas toujours en mesure de fournir sans aide extérieure. C’est ce qui a incité l’Eawag, avec le soutien financier de la Direction suisse du développement et de la coopération (DDC), à mettre au point la plateforme GAP (Groundwater Assessment Platform), c’est-à-dire un système en ligne – www.gapmaps.org - utilisable gratuitement par toutes les personnes intéressées. Autorités sanitaires, ONG et autres spécialistes disposent désormais d’un moyen technique de visualiser leurs propres données, de créer leurs propres cartes des risques et d’optimiser la mise en œuvre des moyens humains et financiers dont ils disposent.
Cette nouvelle plateforme, explique Michael Berg, directeur du département Ressources aquatiques & eau potable à l’Eawag, "permet une localisation plus simple et plus rapide des pollutions d’origine géologique. C’est un progrès décisif pour la protection de la population. Mais à côté de la détection précoce des risques, il est également très important de développer des méthodes pratiques pour éliminer les toxiques présents dans l’eau de boisson."
L’Eawag a pour cela élaboré aussi un manuel présentant plusieurs techniques adaptées à différents contextes et disponible sur ce portail web que ses initiateurs ont d’emblée conçu "comme un forum visant à faciliter les échanges de savoir" et ouvert à tous les acteurs de cette lutte sanitaire particulière. Il reste beaucoup à faire dans ce domaine, notamment pour développer des moyens simples et sûrs d’éliminer arsenic et fluor de l’eau consommée quotidiennement. (Source : Eawag)
– En savoir plus sur la fiche info publiée par l’Eawag
– Le site web de l’Eawag
(*) Voir l’article aqueduc.info : "20 millions de Bangladais boivent encore et toujours de l’eau contaminée par l’arsenic, 6 avril 2016.