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3 mars 2014.

En Suisse, un financement national pour une meilleure épuration des eaux

Le Parlement fédéral a donné son aval à un projet gouvernemental (...)

Le Parlement fédéral a donné son aval à un projet gouvernemental visant à instituer un système de financement national au bénéfice d’une centaine de stations d’épuration : la Confédération y couvrira 75 % des investissements nécessaires à l’élimination des micropolluants. Le montant de cette nouvelle taxe dépendra du nombre d’habitants raccordés à chaque station mais ne pourra pas excéder 9 francs par habitant et par an.

Tout le monde ou presque en est convaincu : à défaut d’agir efficacement à la source du problème, c’est-à-dire chez les producteurs et chez les consommateurs de substances indésirables, il est impératif de tout entreprendre pour éliminer les micropolluants des eaux usées.

On ne connaît qu’une très faible part de la toxicité et des effets sur la santé et l’environnement de certains composés organiques de médicaments, cosmétiques, biocides et autres produits de synthèse. Et même s’ils ne sont présents dans les eaux qu’à de faibles concentrations de l’ordre du milliardième de gramme par litre, nombre d’études scientifiques ont déjà démontré qu’ils peuvent avoir des effets nocifs sur les organismes aquatiques et sur la qualité des ressources en eau, et qu’ils ne sont qu’éliminés partiellement dans les stations d’épuration (STEP).

Dans un premier temps, un projet de stratégie, initié dès 2006, avait conclu à la nécessité de mettre en œuvre des mesures supplémentaires de traitement pour réduire sensiblement les teneurs en micropolluants des eaux usées.

Lorsqu’il s’est agi ensuite de réglementer ces suppléments d’épuration pour la centaine de STEP les plus concernées (sur les 700 existantes), à savoir celles qui sont situées dans les zones les plus urbanisées, des divergences sont apparues sur la manière d’assurer leur financement. Les cantons ont alors plaidé pour un financement à la fois national et conforme au principe du pollueur-payeur.

Subvention fédérale de 75 %
et taxe de 9 francs par an et par habitant

Le gouvernement s’est finalement aligné sur la position des cantons. Arguant que la pollution due aux micropolluants provient de toute la population suisse, il a proposé que le 75% des coûts d’équipements des STEP concernées soit financé par le biais d’une taxe nationale sur les eaux usées perçue auprès de toutes les STEP, et sur la base du nombre d’habitants raccordés.

Le montant maximal de la taxe a été fixé à 9 francs par an et par habitant raccordé. La loi sur la protection des eaux devant être modifiée en conséquence, la décision finale revenait au Parlement fédéral. Les deux Chambres l’ont successivement entérinée le 10 décembre 2013 (Conseil des États) et le 3 mars 2014 (Conseil national). Les conditions de l’octroi de la subvention fédérale doivent encore faire l’objet d’une ordonnance (règlement d’application).

Entre autres arguments majoritaires en faveur de cette modification légale, il a été souligné l’efficience du projet qui cible les stations d’épuration où les investissements auront le plus large impact, son modèle de financement jugé équitable puisqu’il en répartit la charge sur l’ensemble de la population, et sa flexibilité car il revient aux STEP de décider elles-mêmes du moment, dans les 20 ans à venir, où elles effectueront les investissements appropriés.

Une facture de plus d’un milliard de francs

On évalue à 1,2 milliard de francs (un milliard d’euros environ) l’investissement total nécessaire à l’équipement supplémentaire de cette centaine de stations d’épuration. Comme ces travaux seront répartis sur une vingtaine d’années, cela signifie que la Confédération, pour en financer les trois quarts des coûts, devra donc disposer chaque année de 45 millions de francs.

Une minorité de parlementaires souhaitait que des indemnités soient également accordées pour le traitement et l’élimination des nitrates, une opération préalable qui facilite ensuite le traitement des micropolluants. Dans les années 1990, la Confédération avait pour cela proposé des aides facultatives dont avaient surtout profité des stations d’épuration appartenant au bassin versant du Rhin. Certains députés, mais ils n’ont pas obtenu gain de cause, estimaient que les autres STEP du pays devaient à leur tour bénéficier d’indemnités identiques sur une base d’égalité. (bw)


 En savoir plus sur le site du Parlement fédéral




Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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