Cette application technologique du rayon laser, dont l’invention remonte à exactement 50 ans, avait déjà fait l’objet de plusieurs publications scientifiques. Coup sur coup, le dernier numéro en date du magazine Campus de l’Université de Genève et l’édition en ligne de la revue britannique Nature Photonics lui ont ouvert la porte au grand public.
On sait que dans la réalité les gouttes de pluies se forment autour de particules en suspension dans l’air, soit des poussières ou des pollens, qui jouent le rôle de noyaux de condensation de la vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère. Quand ces gouttes d’eau deviennent trop lourdes, elles tombent sous forme de précipitations, pluie, grêle ou neige, en fonction de la température. On connaissait déjà les techniques qui consistent à accélérer la formation de ces gouttes de pluie en dispersant dans l’atmosphère, au moyen de fusées, de minuscules particules d’iodure d’argent. Mais sans garantie de succès.
Des physiciens des universités de Genève, Lyon et Berlin, regroupés dans un projet commun de recherche sur des rayons lasers très puissants (plusieurs millions de volts) et extrêmement brefs (quelques millionièmes de milliardièmes de secondes – on parle alors de femtosecondes et d’attosecondes) ont eu l’idée de provoquer ces phénomènes de condensation autour des ions générés par ces lasers. Ils ont pour cela mis au point un appareil unique au monde et baptisé Téramobile.
Pour Jérôme Kasparian, chercheur et coordinateur de ce projet Téramobile, « il s’agit de la première expérience démontrant qu’un laser est capable de générer de la condensation. Elle apporte la preuve que l’on peut se servir de laser pour modifier localement les conditions météorologiques. La réaction que nous avons obtenue constitue la première étape dans la formation de la pluie et laisse entrevoir la possibilité de remplacer, un jour, les techniques actuelles. »
Les équipes de physiciens vont poursuivre leurs recherches, tenter d’améliorer leurs premiers essais et d’augmenter la puissance de leur laser. « L’appareil que nous aimerions construire serait le successeur du Téramobile qui est en fonction depuis 1999, explique pour sa part Jean-Pierre Wolf, professeur au Groupe de physique appliquée de l’Université de Genève. Ce gros laser, qui tient dans un conteneur de 6 mètres de long et qui peut être déplacé aisément sur le terrain, génère des flashes très courts. La puissance de ces impulsions atteint 5 térawatts, ce qui correspond – durant un laps de temps extrêmement bref – à la puissance de toutes les centrales nucléaires du monde réunies. » (Source : Université de Genève)
Pour en savoir plus :
– Dossier laser, Revue Campus, N° 98, avril-mai 2010, sur le site de l’Université de Genève
– Laser-induced water condensation in air, sur le site de la revue Nature Photonics, 2 May 2010