C’est la première fois que des chercheurs s’attellent à mesurer à l’échelle mondiale l’évolution des températures des grands lacs de par le monde. Philipp Schneider and Simon Hook, du ’Jet Propulsion Laboratory’, un institut californien de technologie dépendant de la NASA et sis à Pasadena, ont pour cela utilisé des données satellite recueillies au cours des 25 dernières années et concernant 167 grands lacs d’au moins 500 kilomètres carrés de surperficie. Leurs conclusions viennent d’être publiées par Geophysical Research Letters(*).
Recourant à des images infrarouges thermiques, les deux scientifiques ont concentré leurs observations sur les températures d’été (de juillet à septembre dans l’hémisphère nord et de janvier à mars dans l’hémisphère sud) car il est difficile de recueillir des données lorsque les lacs sont recouverts de glace ou dissimulés par les nuages. Ils n’ont par ailleurs utilisé que les données nocturnes.
Leurs constats confirment ceux faits précédemment et partiellement dans d’autres études basées sur d’autres systèmes d’observation, à savoir, d’abord, que les plans d’eau paraissent se réchauffer plus rapidement que la température ambiante de l’air. Et ensuite que les lacs du nord de l’Europe semblent être les plus touchés par le réchauffement, beaucoup plus en tout cas que ceux du sud du continent. Les tendances sont plutôt à la hausse à l’Est, en Sibérie, en Mongolie et dans le nord de la Chine par exemple. En Amérique du Nord, le sud-ouest des États-Unis paraît davantage touché que la région des Grands Lacs. De manière générale, le réchauffement est plus faible dans les régions tropicales et dans les latitudes moyennes de l’hémisphère sud.
L’étude rappelle que des changements, même infimes, de la température de l’eau peuvent non seulement perturber le brassage des eaux de surface et des eaux profondes, mais entraîner aussi l’eutrophisation des milieux aquatiques et la prolifération d’algues nocives à la qualité des eaux dont dépend la vie des poissons. (Source : NASA, Jet Propulsion Laboratory)
(*) Philipp Schneider & Simon J. Hook, "Space observations of inland water bodies show rapid surface warming since 1985", Geophysical Research Letters, Vol. 37