Le Yang Tsé : 6’300 kilomètres de long, 400 millions de riverains, 700 affluents. Il alimente en eau 40% du territoire de la Chine et 70% de son territoire rizicole. 25 milliards de tonnes de déchets sont déversés chaque année dans ses eaux. Mais cet immense fleuve, véritable colosse de boue, draine-t-il encore vraiment la vie ?
Une année après son exploration par une expédition scientifique sino-helvétique, les chercheurs en dressent un bilan contrasté, moins alarmant que prévu. Même si sa pollution est énorme, la concentration de polluants demeure comparable à celle des autres fleuves en raison de l’effet de dilution provoqué par la force du débit.
L’une des plus significatives sources de pollution du fleuve est l’agriculture, qui abuse d’engrais minéraux. En 20 ans, les quantités d’azote ont doublé, mais la concentration en phosphates demeure à un niveau relativement bas.
Comparable aux autres grands fleuves du monde
« La qualité de l’eau du Yang Tsé est comparable à celle des autres grands fleuves du monde, note le géochimiste Beat Müller. Actuellement les concentrations de métaux lourds dans le fleuve chinois sont toujours deux à huit fois inférieures à celles du Rhin, il y a trente ans, aux pires moments de sa pollution ».
La moyenne plutôt basse des métaux lourds s’explique principalement par l’énorme débit d’eau du fleuve : 31’900m3 d’eau déversés chaque seconde dans la Mer de Chine orientale. Dans le delta, les concentrations de pollution sont dramatiquement élevées : 1500 tonnes d’azote et quatre tonnes et demi charriées chaque jour en bordure des côtes.
L’azote s’en va nourrir les algues bleues qui prolifèrent et abaissent toujours plus le niveau d’oxygène dans les couches d’eau profondes de la mer. Les charges en métaux lourds ont aussi des retombées sur l’eau que consomment des centaines de millions de personnes, sur les champs de maïs et de riz qu’irrigue le fleuve, sur les deux tiers des poissons que les Chinois mettent dans leur assiette.
Quel avenir pour le fleuve ?
Avec la croissance industrielle ascendante de la Chine, l’augmentation du niveau de vie, les systèmes d’irrigation, la production énergétique et la déviation d’une quantité énorme d’eau vers les bassins versants du Fleuve Jaune, au Nord, la pression sur le Yang Tsé va encore s’intensifier. Pour inverser la tendance, l’urgence est à une réhabilitation et à un développement semblables à ceux qu’ont récemment connu les fleuves européens. (Source : Information DDC)