Une certitude : la force hydraulique est la principale source d’énergie renouvelable produite en Suisse. En 2011, les centrales hydrauliques de ce pays ont produit 33,8 térawattheures (1 TWh = 1 milliard de kWh), soit environ 54% de la production nationale globale. C’est un fait indiscutable que la force hydraulique continuera de contribuer de manière considérable à l’approvisionnement en électricité de la Suisse.
Une confirmation : le débat est toujours aussi vif dans ce pays autour des questions qui concernent le développement de la force hydraulique. Les opinions sont toujours aussi fortement polarisées, constate l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) : “Le conflit naît souvent de préoccupations écologiques. La protection de l’environnement n’est cependant pas le seul élément qui limite l’extension de la force hydraulique. Dans une Suisse densément peuplée, les cours d’eau répondent à tout un éventail de besoins. A cela s’ajoute que bien des projets ne sauraient atteindre le seuil de rentabilité dans les conditions actuelles, ce qui les condamne à la relégation.”
Compte tenu de la nouvelle stratégie énergétique prônée par le gouvernement fédéral et qui postule l’abandon à moyen terme de l’énergie nucléaire, il importait de peaufiner les perspectives. L’étude qui vient d’être publiée s’est appuyée sur les avis des principaux acteurs concernés : administrations fédérale et cantonales, milieux scientifiques, associations écologistes et industrie électrique. Une bonne trentaine de prises de position ont été reçues à l’occasion de cette consultation (ce qui, soit dit en passant, est une procédure normale et habituelle dans ce pays).
Deux scénarios ont été envisagés : d’une part, un scénario « conditions d‘utilisation actuelles » qui montre l’accroissement de production envisageable au vu des contraintes légales en vigueur ; d’autre part, un scénario « conditions d‘utilisation optimisées » qui implique un changement des conditions économiques et socioéconomiques afin de développer la production d’hydroélectricité sans violer les exigences constitutionnelles relatives au développement durable et à la protection de l’environnement.
Dans le premier cas, le potentiel de développement est estimé à 1,5 TWh par an jusqu’en 2050 ; dans le second, il serait alors possible de développer la force hydraulique à hauteur de 3,2 TWh par an. Les estimations faites par cette étude, sur la base des données fournies par les cantons, les chercheurs et les professionnels de la branche, portent à la fois sur les grandes centrales hydrauliques (nouvelles ou transformées) et sur la petite hydraulique.
Au-delà des considérations techniques et scientifiques, demeurent les questions politiques qui attendent des réponses claires : l’État fédéral et les cantons veulent-ils vraiment développer la production hydroélectrique indigène ? cette volonté est-elle partagée par les citoyens ? est-on prêt dans ce cas à lui donner plus de poids dans la pesée des intérêts ? comment promouvoir une vraie concertation et collaboration autour de ces projets ? comment soutenir financièrement leur rentabilité ? comment les prix de l’électricité vont-ils évoluer à l’avenir ? (Source : OFEN)
– Cette étude - "Le potentiel hydroélectrique de la Suisse - Potentiel de développement de la force hydraulique au titre de la stratégie énergétique 2050" - est disponible sur le site de l’administration fédérale