Avec son indice des eaux douces et des zones humides, le WWF (Fonds mondial pour la nature) cherche à dresser un bilan de santé des écosystèmes aquatiques européens. A plus long terme, son objectif est de promouvoir une politique globale de gestion de l’eau qui permette de répondre aux besoins des populations et de la nature.
Commentant les données européennes, Walter Wagner, responsable du service Eau du WWF-Suisse, met le doigt sur "d’immenses lacunes dans la mise en œuvre". Il souligne le fait que les aspects de la protection des eaux ne sont que trop peu intégrés dans d’autres domaines d’importance comme l’aménagement du territoire ou l’agriculture.
"Il n’existe guère de règlements, dit-il encore, qui permettent de diminuer les effets néfastes des corrections et des endiguements des cours d’eau sur l’environnement. Là où ils existent, leur mise en oeuvre n’est pas suffisante. De plus, la participation du public à la prise de décision est largement insuffisante dans de nombreux pays".
La loi du "hâte-toi lentement"
S’agissant des résultats obtenus par la Suisse (3eme pour la gestion des eaux, première pour la protection des zones humides), Andreas Knutti, chef du projet "Eaux vivantes" auprès du WWF Suisse fait remarquer que ce pays dispose certes d’une législation permettant de valoriser et de revitaliser les eaux. "Par contre, dit-il aussitôt, la Suisse mérite des mauvaises notes pour la mise en oeuvre de ces prescriptions."
Ce qui ne veut pas dire qu’elle ne fait rien. Au WWF, on cite volontiers en exemple la revitalisation tout à fait remarquable de la zone alluviale de Strada, en Engadine, où l’on a vu réapparaître le chevalier guignette, un oiseau pourtant devenu rare.
La Suisse a beau être le seul pays européen à s’être donné, il y a une décennie déjà, un inventaire des zones alluviales. Cela ne suffit pas à garantir leur protection effective. Pas plus que ne sont suivies les directives sur les débits minimaux lorsqu’un cours d’eau est exploité pour la production d’électricité.
"Dans tout le pays, écrit Andreas Knutti dans la dernière édition du WWF magazine, c’est l’adage ’hâte-toi lentement’ qui prévaut dans la mise en œuvre des prescriptions sur les débits résiduels. Six ans après l’échéance du délai légal, seuls quatre cantons (ndlr : sur 23) ont présenté leur rapport d’assainissement aux autorités fédérales."
Le WWF attend donc des autorités suisses que la protection des eaux trouve davantage de poids sur l’agenda politique. "L’exploitation des eaux, précise Andreas Knutti, doit s’effectuer au niveau de leurs bassins versants, ce qui implique qu’en Suisse, nous devons de plus en plus coopérer au-delà des limites communales et cantonales."