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2 février 2004.

Moins de poissons dans les eaux suisses : pourquoi ? que faire ?

En 20 ans, les prises de truites ont baissé en Suisse de 60%. (...)

En 20 ans, les prises de truites ont baissé en Suisse de 60%. Certes il y a moins de pêcheurs. Mais les populations de poissons sont aussi à la baisse. La faute aux pollutions chimiques, au mauvais état des milieux naturels, aux maladies infectieuses, ou encore au réchauffement de l’eau. Mesures en vue.

1’200’000 truites pêchées en eaux suisses en 1980, 400’000 seulement en 2001. Parallèlement, les analyses révélaient qu’en aval de certaines installations d’épuration, les poissons subissaient parfois une modification de leurs organes. C’est ce qui a poussé l’Institut fédéral pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux (EAWAG) et l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) à lancer en 1998 le projet "Fischnetz" (filet de pêche) pour tenter de trouver des explications à ces phénomènes.

Ce projet a reçu l’appui de tous les cantons suisses et du Liechtenstein, de la Fédération suisse de pêche et de pisciculture (FSPP), de la Société suisse des industries chimiques (SSIC) et de l’Université de Berne. Coût des investissements de cette opération : 3 millions de francs suisses.

Au départ de l’enquête, des questions et des hypothèses : la baisse de la pêche est-elle due à la pollution par certaines substances ou à d’autres facteurs comme la morphologie des cours d’eau, les cormorans, les maladies, les mesures de rempoissonnement, les exutoires de STEP, des substances polluantes, des micro-pollutions diffuses, le réchauffement climatique ?

Certes, il est clair que la diminution de la quantité de poissons pêchés découle de la diminution du nombre de pêcheurs. Mais les experts du projet Fischnetz doivent bien conclure que cette seule raison ne suffit pas à expliquer la baisse des prises et que les populations de poissons sont bel et bien à la baisse. Et cette diminution n’est pas compensée par les repeuplements massifs (15 millions de poissons de tous âges immergés chaque année).

Réagir aux conditions locales

Pour les experts, ces constats représentent autant d’indications de solutions. Mais comme ces différentes causes de recul peuvent varier d’un cours d’eau à un autre, les mesures à prendre doivent être adaptées aux conditions locales. Il faut donc :

 améliorer la qualité des milieux naturels et favoriser la végétation des rives, veiller à ce qu’il y ait en permanence un débit suffisant dans les cours d’eau et mieux les relier entre eux

 mieux contrôler l’application de la loi sur la protection des eaux, fixer et faire respecter des normes concernant toutes les substances chimiques qui influent sur la qualité des eaux

 améliorer la gestion des eaux : par exemple, les poissons des eaux infestées par la MRP ne doivent pas être immergés dans des eaux exemptes de cette maladie ou n’ayant pas encore été analysées.

Ouverture d’un bureau de conseil

Afin d’assurer le suivi de cette recherche et d’encourager les mesures préconisées, il est prévu d’ouvrir, dès avril 2004, un bureau de conseil à qui il incombera de promouvoir l’amélioration de la qualité des eaux et des prises de pêche.


 Office fédéral de l’environnement (OFEV), Domaine pêche et faune aquatique

 Site du projet Fischnetz (quelques pages en français)



Infos complémentaires

Quatre causes principales au recul

Selon les experts, la baisse des populations de poissons est due principalement aux conséquences conjuguées, et pas seulement cumulées, de plusieurs facteurs, à savoir :

 la disparition des biotopes :


bien que plusieurs décennies se soient écoulées depuis que l’on a commencé à canaliser les cours d’eau et à détruire leurs rives végétales, les effets de ces modifications d’écosystèmes n’ont pas cessé. Faute de biotopes suffisants, les poissons n’ont plus la possibilité de fuir les dangers et sont empêchés d’accéder à leurs aires naturelles de reproduction. Leur renouvellement génétique s’en trouve du même coup menacé (Photo : EAWAG/Peter)

 la pollution chimique :


elle a certes nettement reculé au cours des trente dernières années, mais certaines substances (un vrai "coktail chimique") ont encore des effets nocifs : entre autres les pesticides utilisés dans l’agriculture (toxiques pour les poissons) et les substances hormonales (notamment des oestrogènes de synthèse contenus dans les contraceptifs) qui provoquent des malformations de leurs organes reproducteurs (Photo EAWAG/Lueck)

 la propagation des maladies infectieuses :


ainsi de l’infection rénale proliférative (MRP), une maladie, constatée dans 190 des 462 lieux d’observation, qui entraîne un gonflement des reins et le plus souvent la mort des poissons ; elle apparaît lorsque la température de l’eau dépasse 15°C pendant plus de deux semaines (sur la photo : en haut, rein de truite contaminée par l’infection rénale proliférative, en bas, rein d’une truite saine. Source : Zentrum für Fisch- und Wildtiermedizin, Bern)

 les changements climatiques :


les eaux du Plateau suisse sont manifestement trop chaudes pour les truites : ce réchauffement non seulement favorise la propagation de l’infection rénale mentionnée, mais il réduit aussi les habitats propices au développement de la vie piscicole (Photo : EAWAG/Peter)

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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