La première directive de l’Union européenne concernant la propreté et la salubrité des eaux de baignade remonte à 1976. Depuis cette date, grâce à cette législation et aux politiques nationales de l’eau, grâce aussi à la réduction des sources de pollution notamment en milieu agricole, et grâce surtout aux améliorations apportées aux réseaux d’égout et aux traitements des eaux usées, les eaux de baignade d’Europe sont aujourd’hui beaucoup plus propres. Il y a quarante ans, de grandes quantités d’eaux usées non contrôlées et insuffisamment traitées contaminaient de manière inquiétante les eaux lacustres et maritimes, faisant courir de grands risques aux baigneurs.
Aujourd’hui, la législation européenne impose un système de contrôle assez strict : l’évaluation de la qualité des eaux de baignade se fait sur la base d’un prélèvement par mois pendant la saison balnéaire, avec un minimum de quatre prélèvements par an, et de données portant sur quatre années de surveillance (soit de 2012 à 2015 pour le dernier rapport en date de l’Agence européenne pour l’environnement).
En 2015, 21’582 eaux de baignade ont été contrôlées dans les 28 États membres de l’Union européenne ainsi qu’en Suisse et en Albanie. Un peu plus des deux tiers des sites correspondaient à des eaux de baignade côtières (bords de mer) et les autres à des eaux intérieures (cours d’eau et lacs).
Parmi ses principales conclusions, le rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) note pour cette saison balnéaire 2015 que
– les normes minimales de qualité de l’eau ont été remplies par 96 % de l’ensemble des eaux recensées
– la part des eaux de qualité insuffisante a baissé et n’a concerné que 1,6 % d’entre elles
– en quatre ans la part des eaux de qualité excellente a passé de 78,1 % à 84,4 %.
Le rapport souligne cependant que les efforts entrepris pour réduire et éliminer les sources de pollution n’ont pas entièrement éliminé les risques sanitaires liés à une qualité insuffisante de l’eau et dans certains cas il n’y a pas d’autre choix que de fermer l’accès du public aux eaux de baignade.
Il ne suffit pas non plus de prescrire une surveillance et une gestion plus efficaces des eaux de baignade. Encore faut-il que d’une part le public dispose des informations de base sur leur qualité et sur les risques qu’il encourt, et que d’autre part il puisse participer de façon plus active à la protection de l’environnement et à l’amélioration des zones de baignade. Aujourd’hui de nombreux sites internet locaux ou nationaux (ainsi que celui de l’AEE) répondent concrètement à ces exigences d’information.
Bonnes notes pour la Suisse,
mais les données font défaut
S’agissant de la Suisse, le rapport de l’AEE relève que "en raison de diverses mesures de prévention et d’importants efforts en matière de traitement des eaux usées sur les quelques dernières décennies, la qualité des rivières et des lacs suisses des eaux de baignade s’est améliorée de manière significative ; il est possible de se baigner dans les lacs et les rivières en Suisse presque partout, sans aucun risque pour la santé."
Quelques bémols : il est d’abord déconseillé de pénétrer dans les rivières après de fortes pluies ou lors de débordement d’orages car les risques de contamination microbienne sont relativement élevés, ce qui a été constaté à sept reprises en 2015. Ensuite – cela explique ceci - parmi les quelques rares situations qui ne correspondent pas aux normes d’excellente qualité, le rapport pointe du doigt les bords du Léman du côté de Saint-Sulpice, dans l’Ouest lausannois, jugés seulement "satisfaisants", et trois sites de "pauvre qualité" sur le Rhin dans les cantons d’Argovie et de Bâle. Ici et là la Suisse peut donc faire mieux.
Les données suisses sont toutefois loin d’être complètes. Une moitié seulement des 216 échantillons d’eaux de baignade prélevés en 2015 a pu être prise en compte dans les statistiques. Ou bien parce que les sites concernés n’ont pas été régulièrement contrôlés tout au long de la période de quatre ans qui sert de référence au rapport. Ou bien parce que certains sites n’ont été que trop récemment pris en compte et que leurs données sont donc encore forcément incomplètes. Voilà qui explique pourquoi il est difficile d’avoir une vue d’ensemble probante et pourquoi la Suisse, juste devant la Slovaquie, l’Albanie et la Roumanie, figure en queue de classement (27e) des 30 États passés sous la loupe. Un palmarès qui classe en tête le Luxembourg, Chypre et Malte. (Source : AEE)
Références utiles
– Agence européenne pour l’environnement (AEE), Rapport n°9/2016, "Qualité des eaux de baignade européennes en 2015" – Voir >
– Rapport 2015 sur les eaux de baignade en Suisse (en anglais) – Voir >