Les réserves hydriques souterraines de la Suisse sont estimées à quelque 50 kilomètres cubes. C’est-à-dire l’équivalent du Lac de Constance ou de la totalité des précipitations annuelles sur le territoire national. La Suisse en tire 80 % de son eau potable.
Si ce bien commun a pu être conservé jusqu’à nos jours, constate Moritz Leuenberger, c’est grâce à une politique conséquente de protection des eaux. À Kohlboden par exemple, la qualité des eaux du sous-sol est si bonne que 50% des eaux souterraines peuvent être directement envoyées dans le réseau de distribution sans traitement. Les autres 50% nécessitent généralement un léger traitement.
Mais, compte tenu de la pression sur les eaux qui ne cesse de croître, cet effort de protection doit être poursuivi par tous les partenaires, communes, cantons et secteurs économiques concernés. Les analyses faites régulièrement dans plus de 500 stations d’observation des eaux souterraines décèlent souvent, dans les zones d’agriculture intensive et d’urbanisation, des traces de substances étrangères, tels que des pesticides, nitrates et hydrocarbures.
Deux mesures paraissent prioritaires : d’une part, définir des zones de protection des eaux souterraines contraignantes autour des captages qui n’en ont pas encore ; d’autre part, utiliser les engrais et les produits phytosanitaires de manière ciblée et adaptée aux conditions locales.
En matière de protection des eaux souterraines, l’agriculture, qui exploite 37% du territoire, a un rôle fondamental à jouer. Mais, de façon plus globale, il faut faire en sorte de maintenir les capacités d’autoépuration des sols, ne serait-ce que pour des raisons économiques : les prestations délivrées gratuitement par les écosystèmes sont estimées à 80 millions de francs par an. Et elles constituent un atout du développement durable.
En tant que ‘château d’eau de l’Europe’, note encore le ministre, la Suisse assume une coresponsabilité quant à la qualité des eaux potables dans les pays voisins, particulièrement dans les pays riverains du Rhin. Les concentrations de nitrates doivent être diminuées en Suisse également afin que la Mer du Nord puisse se régénérer. (Source : Office fédéral de l’environnement)