En 2000, le WWF notait déjà en France une nette tendance à la dégradation généralisée des eaux brutes, en surface comme dans les nappes phréatiques. L’étude qu’elle a commanditée à Anne Spiteri, une spécialiste du génie rural des eaux et des forêts, et réalisée pendant trois ans sur la base des données publiques disponibles en 2007, visait un double objectif : analyser les données officielles et poser les bases d’une information indépendante.
Le rapport qui vient d’être publié met le doigt sur les défauts d’une information officielle jugée gravement déficiente, “confinant parfois à la désinformation”. Il dénonce notamment une dramatique insuffisance du nombre de substances toxiques recherchées dans l’eau, des protocoles de mesure inadaptés, en particulier pour les micropolluants chimiques, des méthodes d’analyse des données impropres à décrire l’état réel des eaux superficielles et souterraines, etc. : “il apparaît que l’insuffisance et la non-homogénéité des données brutes n’autorisent pas la plupart des calculs statistiques effectués en vue de générer l’information officielle”.
Partant de ce constat peu reluisant et compte tenu de l’urgence de disposer de données fiables et lisibles sur l’état réel des eaux en France, le rapport propose d’une part de développer une approche pédagogique basée sur un traitement modeste mais rigoureux et transparent des données brutes, et d’autre part d’offrir un nouvel outil d’information indépendante par le biais d’un site internet interactif et citoyen : www.eau-evolution.fr, regroupant des données, des analyses et des cartes.
Le WWF France rappelle, au passage, les chiffres fournis récemment par le ministère de l’écologie dans un rapport sur le coût des pollutions agricoles à la charge des ménages de l’Hexagone, à savoir : entre 1 et 1,5 milliards d’euros par an rien que pour les pesticides et les nitrates. Commentaire de l’organisation écologiste : “Lorsqu’on sait que ce rapport ne prend en compte que les seules pollutions agricoles, qu’il n’a pas intégré les amendes que la France devra payer pour le non respect des directives européennes et qu’il a été fait à partir d’une évaluation de la qualité de l’eau qui est largement en deçà de la réalité, on ne peut qu’alerter nos concitoyens sur le fait que les pouvoirs publics ne pourront pas faire face à des coûts qui sont véritablement astronomiques.” (Source : WWF France)
– Le rapport de Anne Spiteri, « L’eau, toujours source de vie ? L’état réel des eaux et des données sur l’eau », est disponible sur le site www.eau-evolution.fr