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29 novembre 2009.

Suisse : les citoyens de Delémont acceptent de payer l’eau plus cher

Invités à se prononcer par la voie des urnes, les citoyens de la (...)

Invités à se prononcer par la voie des urnes, les citoyens de la ville de Delémont, chef-lieu du Canton du Jura, ont accepté du bout des lèvres (oui à 53 %) un relèvement de 20 centimes par mètre cube du tarif de l’eau potable. Cette mesure et d’autres prises parallèlement à la nouvelle tarification devraient, selon les autorités communales, garantir une gestion publique et durable de la distribution de l’eau potable.

Dans un premier temps, les conseils législatif et exécutif de la ville de Delémont avaient entériné ce changement de tarification, mais décision avait été prise ensuite de le soumettre au verdict des citoyens. Ceux-ci l’ont donc accepté par 2203 voix contre 1891. Si les partisans de la hausse de prix insistaient sur le fait que c’était le seul moyen d’assurer la pérennité et la disponibilité de l’eau potable, les opposants estimaient quant à eux que les usagers se voyaient de plus en plus "noyés sous les taxes". Les autorités communales, aujourd’hui rassurées, étaient d’ailleurs bien conscientes que le contexte de crise économique n’était pas des plus favorables à leur projet.

Beaucoup trop de fuites d’eau

Il faut dire que l’état du réseau d’eau potable de la ville de Delémont a de quoi préoccuper ses services. On estime à quelque 30% les pertes dues à des fuites dans le réseau, c’est-à-dire environ 300’000 mètres cubes par année (66 fuites recensées en 2008, soit plus d’une par semaine). Ce gaspillage a évidemment des répercussions négatives sur le budget communal, mais aussi des conséquences matérielles notamment sur l’état des routes.

Ces fuites s’expliquent entre autres par un assainissement insuffisant, inférieur en tout cas au taux de 2 % de renouvellement annuel du réseau généralement recommandé par les professionnels de la branche. Mais cela n’est possible que si le financement est à la hauteur des besoins. De ce point de vue, il faut rappeler que la distribution d’eau potable doit être obligatoirement et entièrement financée par la vente d’eau potable. D’où l’urgente nécessité pour Delémont de relever ses tarifs.

La modification qui entrera en vigueur début 2010 concerne à la fois les abonnements mensuels en fonction des calibres de raccordement et les charges variables en fonction de la consommation. Pour la majorité des habitants de la ville, le nouvel abonnement sera de 10 francs par mois et le tarif de consommation va passer de 1,80 à 2,00 francs par mètre cube. Pour un ménage de 4 personnes, cette hausse se chiffre à quelque 8 francs par mois. Au final, la commune pourra compter désormais sur un budget annuel de quelque 2,8 millions de francs pour la gestion de son réseau d’eau potable desservant plus de 11’000 habitants.

Adaptation automatique à l’indice des prix

On notera également que, parallèlement à cette modification, les autorités delémontaines ont décidé d’adapter automatiquement les tarifs de l’eau à l’indice des prix à la consommation, de réduire autant que faire se peut les coûts d’exploitation du réseau et de constituer un fonds de rénovation et d’entretien du réseau, ce qui devrait permettre à l’avenir de faire face aux dépenses sans passer par des emprunts. Un projet de taxe sur les piscines privées sera soumis ultérieurement à votation populaire.

Enfin, un centime par mètre cube d’eau vendu dans le réseau sera prélevé pour financer des actions de coopération internationale dans le domaine de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Le montant de cette contribution de solidarité devrait avoisiner les 9’500 francs par an et appuyer les actions de terrain de l’une ou l’autre de la trentaine d’associations membres de la Fédération jurassienne de coopération et de développement. (bw)


Lire aussi dans aqueduc.info :

 Delémont veut réviser sa politique de gestion de l’eau (26 août 2009)
 Delémont s’engage pour la gestion publique de l’eau (19 septembre 2007)




Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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