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février 2009.

Trois siècles d’histoire d’eau genevoise

GÉRARD DUC, ANITA FREI, OLIVIER PERROUX - Eau, gaz, électricité. (...)

GÉRARD DUC, ANITA FREI, OLIVIER PERROUX - Eau, gaz, électricité. Histoire des énergies à Genève du XVIIIe siècle à nos jours

Quoi de plus banal que d’ouvrir un robinet ou d’actionner un interrupteur ? Pourtant, la répétition infinie de ces gestes aujourd’hui anodins résulte de décennies et de siècles de recherches inventives et de savoir-faire sans cesse perfectionnés, d’investissements coûteux et de débats institutionnels. C’est tout le mérite de ces trois historiens, soutenus en cela par les Services Industriels de Genève (SIG), que de nous décrire non seulement comment les Genevois vivaient quand ils n’avaient ni eau courante ni électricité, mais surtout comment ils se sont peu à peu dotés des outils nécessaires au développement de leur cité et de leur région.

L’exemple genevois, expliquent-ils, « est à la fois banal et unique. Il permet de retracer la formidable transformation provoquée par l’arrivée et l’adoption des énergies, à l’échelle de la ville et dans les logements, de rendre compte de l’évolution des techniques. Il permet aussi d’illustrer les défis de la production et de la distribution de ces énergies, les crises auxquelles les collectivités publiques ont été confrontées. À l’heure où la libéralisation du marché de l’énergie aiguise les convoitises et annonce une probable redistribution des cartes, il n’est pas inutile de rappeler qu’à la fin du XIXe siècle, la tendance était inverse, avec le passage du privé vers le public, la municipalisation des énergies et la création des services industriels. »

La gestion de l’eau, si elle n’occupe pas la plus grande place dans l’ouvrage, est cependant au point de départ et au cœur de l’histoire des énergies genevoises. Parce que c’était et c’est encore et toujours la plus vitale de toutes les questions de subsistance humaine et que l’approvisionnement en eau potable est une priorité absolue. Et parce que c’est elle qui, dès les années 1870, fournira de la force motrice aux industries puis de l’électricité à tous les habitants et à toutes les collectivités. Aujourd’hui les SIG exploitent trois centrales hydrauliques sur le Rhône pour une production qui couvre environ un quart de l’électricité consommée dans le canton. (bw)


Gérard Duc, Anita Frei et Olivier Perroux
Eau, gaz, électricité
Histoire des énergies à Genève du XVIIIe siècle à nos jours
Éditions Infolio, Gollion (VD), 2009, 264 p.


Eau potable et assainissement aujourd’hui
dans le canton de Genève :

 L’eau du lac représente 80% des ressources en eau du canton. 170 millions de litres d’eau potable sont quotidiennement distribués grâce à 28 stations de traitement et puits de pompage, 12 réservoirs, 1’263 km de conduites.

 Les eaux usées sont récoltées dans un réseau primaire de 125 km2, comportant 50 stations de pompage, 12 stations d’épuration et 2 stations privées pour les traitements spéciaux. Soit 70 millions de m3 à traiter chaque année.



Infos complémentaires

:: POINTS DE REPÈRE

1er-3e siècle
Genève est alors alimentée par un aqueduc souterrain partant d’un captage de source au pied de la montagne des Voirons.

Moyen Âge
L’approvisionnement en eau se fait par des puits (exposés aux infections) aménagés par des privés ou par l’autorité publique, ainsi que par quelques sources.

1708 : la machine Abeille
L’ingénieur français Joseph Abeille construit une machine hydraulique et les Genevois acceptent de boire l’eau du Rhône captée dans la partie du fleuve estimée la plus propre. Au fil des décennies, sa capacité passera de 250 à 700 litres/minute et alimentera jusqu’à 24 fontaines publiques.

1843 : la machine Cordier
Nouvelle machine hydraulique, due à un autre ingénieur français, Jean-Marie Cordier, et installée dans le lit du Rhône, dans le bâtiment d’origine de l’actuel Pont de la machine (capacité : 16’000 l/min.)

1880 : machine hydraulique à vapeur
Vu la demande croissante en eau, la ville se dote d’une machine de pompage à vapeur pour augmenter ses capacités de distribution.

1886 : centrale hydraulique de la Coulouvrenière
C’est le grand chantier genevois du 19e s. : réaménagement du Rhône et construction de l’Usine des Forces Motrices conçue par Théodore Turrettini. Elle fournit de l’eau sous pression (40 à 50’000 l/min) et fonctionnera jusqu’en 1990.

Apparition du Jet d’eau qui sert alors de soupape en cas de surpressions. En 1891, la Ville décidera d’en faire une attraction touristique et de le déplacer dans la rade.

1896 : centrale de Chèvres
L’usine de la Coulouvrenière tourne à plein régime et ne peut produire d’électricité. Une usine hydroélectrique est construite à 6 km en aval de Genève.

Années 1920-1930
Mise en service des premières stations de pompage au bord du Lac et sur les nappes phréatiques de la campagne genevoise.

1943 : Barrage de Verbois
C’est le plus gros ouvrage hydroélectrique genevois. Sa retenue est de 13 millions de m³ et sa production moyenne de 466 Gwh par an.

Années 1950
La qualité de l’eau du lac se dégrade et Genève opte pour sa première station de filtration (Prieuré). Parallèlement, de gros investissements sont consentis dans la construction d’un réseau de collecteurs et de stations d’épuration (STEP) sur tout le canton.

1995 : barrage du Seujet
Construit à 100 mètres de l’Usine des Forces Motrices, il a trois fonctions : réguler le niveau du lac, moduler le débit du Rhône, produire de l’électricité.

(Données tirées de l’ouvrage présenté dans cette page)

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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