Quoi de plus banal que d’ouvrir un robinet ou d’actionner un interrupteur ? Pourtant, la répétition infinie de ces gestes aujourd’hui anodins résulte de décennies et de siècles de recherches inventives et de savoir-faire sans cesse perfectionnés, d’investissements coûteux et de débats institutionnels. C’est tout le mérite de ces trois historiens, soutenus en cela par les Services Industriels de Genève (SIG), que de nous décrire non seulement comment les Genevois vivaient quand ils n’avaient ni eau courante ni électricité, mais surtout comment ils se sont peu à peu dotés des outils nécessaires au développement de leur cité et de leur région.
L’exemple genevois, expliquent-ils, « est à la fois banal et unique. Il permet de retracer la formidable transformation provoquée par l’arrivée et l’adoption des énergies, à l’échelle de la ville et dans les logements, de rendre compte de l’évolution des techniques. Il permet aussi d’illustrer les défis de la production et de la distribution de ces énergies, les crises auxquelles les collectivités publiques ont été confrontées. À l’heure où la libéralisation du marché de l’énergie aiguise les convoitises et annonce une probable redistribution des cartes, il n’est pas inutile de rappeler qu’à la fin du XIXe siècle, la tendance était inverse, avec le passage du privé vers le public, la municipalisation des énergies et la création des services industriels. »
La gestion de l’eau, si elle n’occupe pas la plus grande place dans l’ouvrage, est cependant au point de départ et au cœur de l’histoire des énergies genevoises. Parce que c’était et c’est encore et toujours la plus vitale de toutes les questions de subsistance humaine et que l’approvisionnement en eau potable est une priorité absolue. Et parce que c’est elle qui, dès les années 1870, fournira de la force motrice aux industries puis de l’électricité à tous les habitants et à toutes les collectivités. Aujourd’hui les SIG exploitent trois centrales hydrauliques sur le Rhône pour une production qui couvre environ un quart de l’électricité consommée dans le canton. (bw)
Gérard Duc, Anita Frei et Olivier Perroux
Eau, gaz, électricité
Histoire des énergies à Genève du XVIIIe siècle à nos jours
Éditions Infolio, Gollion (VD), 2009, 264 p.
Eau potable et assainissement aujourd’hui
dans le canton de Genève :– L’eau du lac représente 80% des ressources en eau du canton. 170 millions de litres d’eau potable sont quotidiennement distribués grâce à 28 stations de traitement et puits de pompage, 12 réservoirs, 1’263 km de conduites.
– Les eaux usées sont récoltées dans un réseau primaire de 125 km2, comportant 50 stations de pompage, 12 stations d’épuration et 2 stations privées pour les traitements spéciaux. Soit 70 millions de m3 à traiter chaque année.