Lors de la journée technique organisée, dans le cadre du Salon AQUA PRO, par la Société des distributeurs d’eau de la Suisse romande (SDESR) sous le titre général des méthodes de filtration de l’eau potable, il a été évidemment beaucoup question de filtres à sable, de membranes et de charbons actifs, d’essais comparatifs menés notamment à Vevey et à La Chaux-de-Fonds.
Si l’on a retenu ici le cas de Savièse, en Valais, c’est parce que le défi particulier auquel cette commune doit faire face est directement lié à la transformation de l’environnement naturel des sources glaciaires où sa population avait depuis fort longtemps coutume d’aller chercher son eau potable.
Le pergélisol en train de fondre…
Le réchauffement du climat alpin, entre autres conséquences, fait que non seulement les glaciers reculent, mais aussi que le pergélisol (ou permafrost) commence à fondre : le pergélisol désigne les sols dont la température est en permanence inférieure ou égale à zéro degré, cela à partir de quelques mètres de profondeur. A terme, les experts prévoient une fonte progressive d’une partie au moins de ces sols et ce phénomène est déjà nettement perceptible ici et là.
Cette fonte fait que les matériaux rocheux qui étaient restés prisonniers de ces couches gelées pendant des siècles se retrouvent peu à peu libérés et déstabilisés. Au moment de la fonte des neiges et lors de fortes précipitations, cela se traduit alors par des glissements de terrains, des chutes de pierres et des laves torrentielles. Résultat : les adductions d’eaux se chargent d’alluvions glaciaires, de limons et de boues et ce sont ces eaux-là que les services publics doivent traiter pour les rendre potables (Photo : Du côté des Grand’Gouilles, extraite du document de présentation des services techniques de Savièse).
La commune de Savièse, dont le territoire s’étend de la plaine du Rhône jusqu’au glacier de Tsanfleuron, se doit actuellement de distribuer chaque jour quelque 4’500 mètres cubes d’eau à une population d’environ 6’000 habitants. Dans les années 1990, elle a été confrontée à d’évidents problèmes quantitatifs en matière de distribution d’eau potable : capacités des conduites de transport insuffisantes, accroissement démographique important, réseaux en mauvais état.
Efficaces membranes
Elle a donc procédé à de gros travaux et investissements incluant le captage d’une nouvelle source, le remplacement des conduites, l’intégration de petites centrales hydro-électriques et, en ce qui concerne les problèmes de turbidité, l’installation d’un système d’ultrafiltration réalisé par une entreprise valaisanne (Membratec SA) spécialisée dans les procédés de séparation sur membrane (voir explication ci-contre).
Au bout du compte, la commune de Savièse dispose aujourd’hui d’un système fiable et performant qui lui garantit une eau potable dont la transparence est particulièrement remarquable, quelle que soit la densité d’alluvions et de boues mesurées dans les eaux captées. Reste à en dire le coût : moins de 5 centimes par mètre cube.
Bernard Weissbrodt