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13 mars 2020.

Pas de coronavirus dans l’eau potable

Au vu du développement extrêmement rapide de la pandémie de (...)

Au vu du développement extrêmement rapide de la pandémie de coronavirus (COVID-19), c’est une question tout à fait légitime et compréhensible : cette infection peut-elle oui ou non être transmise par l’eau potable ? En l’état actuel des connaissances, la réponse est clairement négative, et les risques de contamination par ce biais sont faibles. L’infection est principalement transmise par contact direct entre personnes ou avec des surfaces contaminées. Explication en deux temps.

 D’un point de vue biologique, explique l’Organisation mondiale de la santé dans une fiche technique publiée début mars [1], il n’existe actuellement aucune preuve de la présence de coronavirus humains dans les sources d’eau de surface ou souterraines ou de leur transmission par l’eau potable contaminée ou par des eaux usées. Le COVID-19 fait partie des virus dits enveloppés mais la membrane qui les entoure est fragile : de ce fait, ce type de virus est moins stable dans l’environnement et plus sensible à l’action de produits de désinfection et du chlore en particulier. Cela signifie que le coronavirus peut se désactiver beaucoup plus rapidement que les virus non enveloppés, comme ceux qui provoquent les gastro-entérites ou l’hépatite A, transmis très souvent par de l’eau contaminée. L’OMS cite notamment une étude chinoise qui a montré qu’un coronavirus humain ne survivait que deux jours dans une eau du robinet non chlorée.

 En ce qui concerne les services d’eau potable, il n’est pas inutile de rappeler, comme vient de le faire par exemple l’Agence fédérale allemande de l’environnement [2], que depuis des décennies, les réseaux d’approvisionnement en eau potable sont de par chez nous sous haute protection depuis les zones de captage jusqu’aux usagers en passant par les opérations de traitement, de stockage et de distribution. Grâce non seulement à la désinfection au chlore, mais aussi à diverses technologies comme l’ozonation ou le rayonnement ultra-violet, l’eau potable est très bien protégée contre tous les virus, y compris le coronavirus. La surveillance de la qualité de l’eau potable se fait à toutes les étapes de sa production et c’est l’ensemble de ce système qui constitue la meilleure des préventions contre les épidémies liées à l’eau. De fait, aucun COVID-19 n’a jusqu’à présent été détecté dans des réservoirs d’eau potable. Et il est fort peu probable que cela puisse se produire.

Le plan pandémie des distributeurs suisses

Si le bon fonctionnement de la distribution d’eau est d’une nécessité absolue en temps normal, les conditions particulières d’une pandémie réclament une attention toute particulière et des mesures appropriées : ce service doit être assuré coûte que coûte, même avec un effectif fortement réduit.

Depuis 2009, les distributeurs d’eau (et du gaz) disposent en Suisse d’un "plan de pandémie" et d’un manuel qui leur sert de guide dans leur préparation pour faire face à une pandémie et à trouver des solutions adaptées aux circonstances [3]. Il s’agit essentiellement, selon ce document,
 de diminuer le risque d’infection sur le lieu de travail que ce soit par transmission de personne à personne (p. ex. toux, éternuements) ou, indirectement, par contact avec des surfaces contaminées : le strict respect des instructions de l’Office fédéral de la santé publique concernant l’hygiène personnelle (se laver les mains) et la distance à garder sont ici particulièrement importantes ;
 de maintenir, dans la mesure du possible, le fonctionnement de l’entreprise afin de garantir les prestations et l’approvisionnement des usagers en biens essentiels.

Ce manuel formule des recommandations sur les mesures organisationnelles, préventives et hygiéniques que les entreprises peuvent adopter pour contribuer à endiguer la propagation de l’épidémie parmi leur personnel et pour maintenir leur activité malgré le grand nombre d’employés qui seront probablement malades (on estime que durant une vague pandémique 25% des employés pourrait être pour cause de maladie).

Cela implique notamment que les entreprises définissent avant l’arrivée de la pandémie les solutions qui leur permettront de faire face à ce risque d’absentéisme et prévoient à quels produits elles pourront renoncer temporairement le cas échéant. (aqueduc.info)



Notes

[1Water, sanitation, hygiene and waste management for the COVID-19 virus, Technical brief. World Health Organization. 3 March 2020.

[2Trinkwasser und Coronavirus SARS-CoV-2 / Übertragung unwahrscheinlich, Stellungnahme des Umweltbundesamtes,. 9 März 2020.

[3Société Suisse de l’Industrie du Gaz et des Eaux (SSIGE), Recommandation GW 1003, Plan de pandémie : Manuel pour la préparation des entreprises (novembre 2009).

Infos complémentaires

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Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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