N’Djaména manque d’eau potable, lit-on dans l’une des pages du site internet du Centre d’Étude et de Formation pour le Développement installé dans la capitale tchadienne : « Il arrive que certains quartiers soient privés d’eau pendant plusieurs jours. Généralement c’est tard la nuit que l’eau coule dans les robinets. Ce qui oblige les responsables des ménages à se réveiller à des heures tardives pour guetter cette denrée rare afin de remplir les récipients. Les familles s’organisent pour se servir à tour de rôle l’eau du robinet installé à domicile de peur d’en manquer en cas de rupture brutale. Parfois ces attentes sont vaines pendant deux à trois jours surtout lorsqu’il y a un délestage sectoriel. »
On peut imaginer que la situation est d’autant plus difficile dans les quartiers périphériques qui connaissent une expansion rapide et abritent aujourd’hui plus de 300’000 habitants, c’est-à-dire un tiers de la population de N’Djaména. Et cela dans des conditions de vie la plupart du temps fort précaires. En ce qui concerne les ressources en eau, les habitants de ces quartiers recourent à des puits traditionnels, souvent à ciel ouvert, et donc de qualité parfois douteuse notamment en saison des pluies, lorsque les eaux de ruissellement charrient quantité d’éléments polluants.
Remettre les points d’eau au milieu des quartiers
C’est ce qui a convaincu la mairie de la capitale, avec l’appui de l’Agence française de développement, de lancer un programme de châteaux d’eau dans cinq de ces quartiers. Avec trois grands objectifs :
– fournir aux populations de ces quartiers une eau potable par la construction de forages alimentant de petits réseaux d’adductions d’eau autonomes
– constituer des pôles d’activités économiques et sociales par l’aménagement d’espaces attractifs situés à proximité immédiate des châteaux d’eau
– mettre en place, à travers l’organisation du système de gestion des installations, des structures permettant aux populations de mieux prendre en main le développement local de leur quartier.
Au final : 5 forages et autant de châteaux d’eau qui desservent au total 23 kiosques de distribution et 8 bornes fontaines, et, sur les places aménagées autour des principaux points d’eau, une bonne quarantaine de nouvelles constructions abritant des salles de réunion, des boutiques et autres locaux.
En soi, cette idée de faire de ces nouveaux points d’eau le cœur même de la vie sociale des quartiers n’est pas très originale. Les puits de village, même éloignés des habitations, ont toujours joué ce rôle. Encore fallait-il penser à le transposer dans un contexte urbain et imaginer des infrastructures adéquates.
Ce programme de distribution d’eau, qui pourrait faire école, est complété par un vaste projet de drainage. A N’Djaména, les saisons de pluie sont en effet synonymes d’inondations, d’environnement insalubre, de risques d’épidémies, d’habitats menacés, d’approvisionnements difficiles, etc. Des comités d’assainissement ont donc été mis en place et le volet social du projet implique à la fois la promotion de nouveaux comportements individuels (en matière de gestion des ordures ménagères ou de rejet des eaux usées par exemple) et la mobilisation de toute la population dans des actions collectives de salubrité, notamment pour le creusage ou le nettoyage des caniveaux ou encore la plantation d’arbres autour des bassins de rétention. (bw)
Sources :
Ville de N’Djaména, Direction des Services techniques municipaux,
Documentation de la Cellule d’appui aux projets d’aménagement des quartiers