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11 septembre 2021.

L’empreinte eau des Tours Jumelles à New York

Vingt ans jour pour jour après les attentats terroristes du 11 (...)

Vingt ans jour pour jour après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, New York et les États-Unis ont vécu une nouvelle journée d’hommages aux 2983 victimes dont les noms sont gravés sur les panneaux de bronze qui entourent les deux immenses fontaines carrées construites là très exactement où se trouvaient les Tours Jumelles.

« Reflecting Absence », le reflet de l’absence : c’est le nom que l’architecte Michael Arad avait donné à sa conception de place commémorative retenue parmi les plus de cinq mille projets présentés. Il avait alors expliqué en avoir eu l’idée un soir au bord de l’Hudson River, devinant à la surface du fleuve le reflet du grand vide que laissaient les deux tours disparues et que l’eau n’arrivait pas à remplir. Il concrétisera son intuition de cette « absence rendue visible » avec le concours d’un architecte paysagiste, Peter Walker : deux grands bassins d’eau vive seront encastrés à l’emplacement même des anciennes fondations des célèbres gratte-ciel et au cœur d’un espace vert planté de quelque 400 chênes et d’un poirier survivant, devenu symbole de résilience.

Deux fontaines carrées de 63 mètres de côté et de 9 mètres de profondeur : telles sont aujourd’hui les empreintes laissées par les Twin Towers. S’y déversent chaque minute et dans chacune d’elles sous forme de monumentales cascades quelque 2000 mètres cubes d’eau, laquelle disparaît ensuite dans une cavité aménagée au centre des bassins pour rejoindre des réservoirs souterrains où elle est recyclée puis pompée pour réalimenter le flux continu des fontaines. Au total ce sont plus de 18’000 mètres cubes d’eau qui circulent en permanence dans ce système hydraulique où la collecte d’eaux pluviales vient aussi compenser les pertes dues à l’évaporation naturelle.

La symbolique de ces deux fontaines est diverse et saute aux yeux. Les cascades d’abord renvoient à la chute des tours jumelles comme si elles n’en finissaient pas de s’écrouler sur leurs fondations : « on peut voir chacun des brins d’eau sortir du déversoir, donnant dans leur chute l’impression de ruisseaux distincts et individuels, a raconté Michael Arad. Au terme de leur cascade, leur clarté s’estompe pour former une véritable tapisserie d’eau. Je pense que cela évoque une perte individuelle et collective, rassemblant plusieurs vies en une seule ». [1]

Et comme cette eau continue de se déverser dans un cycle sans fin à l’image de celle qui circule sur terre, dans l’atmosphère et dans le sous-sol sans jamais se perdre, elle rappelle le primordial devoir de mémoire (“Never forget !”) en même temps qu’elle transmet le message de l’incessant retour de la vie.

Faut-il préciser que ces fontaines ont posé de nombreux défis techniques ? Il fallait non seulement recourir à une technologie capable de maintenir un débit d’eau uniforme 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, durant toute l’année quelle que soit la saison, y compris l’hiver, mais aussi garantir sa propreté au travers d’un dispositif performant de filtration et de recyclage en continu. Cela supposait aussi de mettre en place un système efficace de surveillance à distance de l’installation (tuyauterie, filtres, pompes, gestion acoustique et lumineuse, etc.) et de la qualité de l’eau, ce qui se fait aujourd’hui par des techniciens établis à un millier de kilomètres de là, à Jacksonville, en Floride. (bw)



Notes

[1Citation extraite de l’article “Architect for 9/11 memorial tells the story of its creation” paru dans la revue Yale News (28 novembre 2012).
Entre autres sources consultées pour cet article :
 Site officiel du 9/11 Memorial & Museum.
 Site de la société Delta Fountains spécialisée dans le design des fontaines
et partenaire du projet de Mémorial du 11 septembre.
 “9/11 memorial’s fountains flow”, article du New York Post du 10 novembre 2010.

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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