La répartition de l’eau en Asie centrale, l’une des régions les plus arides du monde, représente en effet un enjeu vital pour ses cinq pays qui se répartissent en deux camps : en amont, le Tadjikistan et le Kirghizstan, pays de montagnes à faibles revenus dont la seule vraie richesse est précisément le potentiel hydraulique (80% des ressources en eau de la région) ; en aval, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan, nations désertiques mais riches en cultures cotonnières (grandes consommatrices d’eau) et en hydrocarbures.
Les premiers cherchent depuis des années à développer leurs capacités hydroélectriques mais les moyens leur font défaut. Les seconds s’opposent à l’aménagement de tels barrages qui les priveraient des grandes quantités d’eau dont ils ont besoin pour leurs champs de coton. Avec, pour toile de fond, la catastrophe écologique de la Mer d’Aral, dont le rétrécissement spectaculaire est précisément dû aux excès des pratiques d’irrigation qui la privaient d’apports suffisants en eau.
Jadis, du temps de l’empire soviétique, la répartition des ressources en eau était directement planifiée à Moscou qui avait mis en place un système régional régulant les fournitures réciproques en eau et en énergie électrique. Mais ce système s’est effondré en même temps que l’Union soviétique et les cinq pays devenus indépendants n’ont jamais réussi à se mettre d’accord sur de nouvelles modalités de partage des eaux. Au contraire, les conflits n’ont fait que se durcir en raison des changements climatiques caractérisés par des hivers de plus en plus rigoureux et par des inondations autant que des sécheresses calamiteuses.
Les pays d’amont auraient voulu que le sommet d’Almaty, officiellement convoqué pour traiter des problématiques de la Mer d’Aral, aborde également les questions de la répartition transfrontalière de l’eau. Il en va d’ailleurs de la stabilité politique de la région comme de son développement économique et social. De plus les dirigeants des cinq États ne se rencontrent que très rarement. Apparemment leurs désaccords restent entiers et ne sont pas de bon augure pour les 58 millions d’habitants de la région. (Source : agences)