Les enfants ne sont évidemment pas les seuls bénéficiaires de ce programme basé sur la mise en œuvre de technologies appropriées autant que sur la transmission de connaissances nouvelles. D’une part les enseignants et l’ensemble du personnel scolaire en tirent directement profit, d’autre part les familles et la collectivité villageoise toute entière sont elles-mêmes prises, bon gré mal gré, dans cette dynamique d’initiation à de nouveaux comportements et de nouvelles pratiques individuelles et collectives. Sans oublier l’impact économique potentiel de ce genre d’initiative qui devrait se traduire, entre autres, par une diminution des coûts de la santé, moins d’absentéisme scolaire et plus de scolarisation pour les filles.
“C’est un grand changement quand il y a de l’eau et des toilettes dans une école, explique Vessela Monta, directrice de l’IRHA. Pensez qu’au Nigeria, par exemple, on voit parfois des écoles d’un millier d’élèves qui n’ont en tout et pour tout qu’un seul point d’eau et qu’une toilette. Pourtant, avec des initiatives comme les ‘Écoles bleues’ et un minimum de moyens, on peut obtenir des résultats étonnants. Cela dit, ce qui importe, c’est que ce changement soit durable. Le suivi des projets est quelque chose d’important.”
Quelques principes-clés
Le Programme Écoles Bleues tient d’abord en quelques éléments fondamentaux : une bonne gestion de l’eau de pluie basée sur une technologie adaptée, un assainissement adéquat (latrines améliorées, toilettes sèches, etc.), une éducation aux normes d’hygiène et l’apprentissage de l’utilisation de ces installations, de meilleures connaissances sur le cycle de l’eau et le recyclage des eaux usées, une initiation aux gestes élémentaires de protection de l’environnement (gestion et tri des déchets, compostage des déchets organiques), participation à une campagne de reboisement (chaque enfant a son arbre et en est responsable). À cela s’ajoute la gestion d’un jardin potager qui assure aux écoliers des compléments alimentaires de bonne qualité.
La promotion de la paix et de la tolérance est également un souci prioritaire de l’IRHA. Il importe que les écoliers, dès leur plus jeune âge, apprennent à accepter la différence de l’autre et à pratiquer le dialogue pour surmonter leurs conflits.
À noter, précision importante, que l’IRHA et ses partenaires veillent à ne pas s’immiscer dans les programmes scolaires, qui ne sont pas de leur compétence, mais à proposer aux enfants et aux jeunes des activités parascolaires organisées précisément par des associations civiles bien au fait des situations et des particularités locales. “Nous aussi, on apprend, commente Vessela Monta. Chaque pays est différent, chaque partenaire est différent.”
Des demandes en attente de financement
C’est dans la région de Koulikoro, au Mali, qu’ont été lancées en 2007 les deux premières ‘Écoles bleues’. Aujourd’hui il en existe douze dans le monde, dont une à Kumasi, au Ghana, et neuf en Inde, dans la région de l’Himachal Pradesh sur les versants de l’Himalaya.
Dans ce dernier cas, le résultat a de quoi impressionner puisqu’il concerne près de 3’500 écoliers, 160 membres du personnel scolaire et quelque 17’000 familles indirectement bénéficiaires du projet qui se traduit, entre autres, par l’aménagement de systèmes de récupération d’eau de pluie d’une capacité totale de 300’000 litres. D’autres projets sont en préparation notamment dans plusieurs pays africains (Nigeria, Sénégal, Bénin, Togo).
Ces ‘Écoles bleues’ ne peuvent toutefois voir le jour que grâce à des soutiens financiers extérieurs. Mais, compte tenu du fait qu’elles impliquent des technologies simples et bon marché, les investissements nécessaires sont relativement modestes (de l’ordre de quelque 100’000 francs suisses). Le Secrétariat de l’IRHA établi à Genève, avec des effectifs réduits, s’active de son mieux à la recherche de sponsors et autres contributeurs potentiels. (bw)