Le réchauffement climatique ne signifie réchauffement non seulement de l’air mais aussi des eaux sous leurs différentes formes. Exemple : à 5 mètres de profondeur et en un demi-siècle, les eaux du Lac de Zurich se sont réchauffées de 1°C en hiver et de presque 2°C en été. La même tendance est observée dans les rivières. Grâce aux longues séries de données dont disposent aujourd’hui les chercheurs, on sait aussi que la température des eaux souterraines, comme c’est le cas à Rheinau (Zürich), est montée de près de 3°C en hiver depuis les années 1950.
En même temps, leur degré d’oxygénation s’est constamment amoindri. Pendant la canicule de 2003, des eaux totalement dépourvues d’oxygène ont même été captées en certains endroits. Or en l’absence d’oxygène, le fer et le manganèse peuvent se dissoudre dans l’eau ce qui implique qu’on les élimine de l’eau captée avant de la distribuer.
Dans les lacs, le réchauffement favorise la prolifération des microorganismes ainsi que le développement, entre autres, de cyanobactéries (algues bleues) dont certaines libèrent des produits toxiques ou capables d’altérer le goût ou l’odeur de l’eau. Autrement dit, des techniques plus sophistiquées de potabilisation pourraient bientôt s’avérer nécessaires là même où, jusqu’à présent, l’eau pouvait être distribuée sans traitement ou après un traitement sommaire.
Nouvelles techniques de potabilisation
Les procédés de potabilisation toujours plus sophistiqués impliquent des investissements considérables pour réaménager les usines de traitement et construire de nouvelles installations qui devront avoir une durée de vie d’au moins 30 à 50 ans. L’EAWAG étudie actuellement les technologies les plus adéquates compte tenu des exigences futures. L’usage de filtres d’ultrafiltration à membranes, en plus des procédés habituels d’ozonation et de filtration sur charbon actif, devrait garantir une production d’eau potable biologiquement stable et microbiologiquement irréprochable sans aucun recours au chlore si peu apprécié des consommateurs.
Rien ne remplace la prévention
Une chose est d’imaginer des technologies nouvelles pour garantir la qualité de l’eau potable, une autre est d’attaquer le mal à la racine, de lutter contre toutes les causes de pollution de l’eau et de s’engager dans une gestion et une protection efficace de la ressource.
Mais rien n’est simple : par exemple, on procède de plus en plus à des travaux de revitalisation des cours d’eau, ce qui implique généralement leur élargissement. Mais avec quel impact sur la qualité de l’eau ?
L’EAWAG a ainsi décidé d’étudier de plus près les risques qu’il pourrait y avoir de ne plus pomper une eau réellement souterraine mais plutôt de l’eau de rivière qui, à cause de l’élargissement du lit, aurait transité dans le sous-sol trop brièvement pour être suffisamment épurée. Si tel était le cas, il pourrait alors s’avérer nécessaire de renoncer à l’élargissement du cours d’eau en cause, ou tout au moins d’en limiter l’ampleur. (Source : communiqué EAWAG)
Lien vers l’EAWAG, Institut de Recherche de l’Eau du Domaine des EPF