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23 août 2008.

De plus en plus d’eaux usées utilisées pour l’irrigation

Parmi les nombreuses questions soulevées à l’occasion de la (...)

Parmi les nombreuses questions soulevées à l’occasion de la Semaine internationale de l’eau 2008 à Stockholm, celle soulevée dans un rapport de l’Institut international de gestion des ressources en eau (IWMI) n’est pas passée inaperçue : que penser du recours de plus en plus fréquent pour l’irrigation à des eaux usées non épurées ou insuffisamment traitées ? Une enquête menée dans une cinquantaine de villes de pays en développement montre que dans 80% des cas de telles eaux sont effectivement utilisées pour l’irrigation des terres agricoles sises dans les périmètres urbains.

20 millions d’hectares au moins de par le monde seraient cultivés avec des eaux usées, principalement pour produire des légumes et du riz. A Accra, par exemple, capitale du Ghana qui compte près de deux millions d’habitants, quelque 200’000 personnes achètent chaque jour des légumes produits sur seulement 100 hectares de terres agricoles urbaines irriguées avec des eaux usées.

Quelques explications à cela : la demande alimentaire de plus en plus forte dans ces villes postule une production agricole de proximité ; l’eau nécessaire à l’irrigation de ces terres agricoles urbaines est de plus en plus polluée en raison de l’augmentation de la population et la multiplication d’activités peu respectueuses de l’environnement ; ou encore les difficultés croissantes d’approvisionnements en eau de qualité suffisante et à des coûts abordables.

La question est complexe car, comme l’expliquent les experts de l’Institut international de gestion de l’eau, si de telles pratiques peuvent présenter des risques pour la santé des agriculteurs et des consommateurs, leur interdiction ou l’application de normes plus strictes sur la qualité de l’eau « pourraient être préjudiciables (en termes de revenus et donc aussi de sécurité alimentaire) aux consommateurs et agriculteurs urbains et à d’autres groupes qui sont tributaires de l’agriculture urbaine ». Dans un contexte de pénurie de l’eau et de crise alimentaire, la multiplication de telles situations paraît quasiment inévitable. Mais, dit-on, il existe des solutions bon marché permettant de réduire le risque sanitaire là où font défaut les moyens de traiter les eaux usées, en lavant soigneusement les produits frais ou en recourant à des méthodes d’irrigation parcimonieuses en eau. Dans certains pays, les agriculteurs accumulent les eaux usées dans des étangs, ce qui diminue la quantité de bactéries. (Sources : rapports et communiqués officiels et agences)


“Drivers and characteristics of wastewater agriculture in developing countries – results from a global assessment“ : Rapport en anglais disponible sur le site de l’IWMI

(*) L’Institut international de gestion des ressources en eau (IWMI), basé au Sri Lanka, est une organisation de recherche scientifique qui concentre ses activités sur l’utilisation durable des ressources en eau et en terre dans l’agriculture, au profit des pauvres des pays en développement. Il travaille en partenariat avec des pays en développement, des instituts internationaux et nationaux de recherche, des universités et d’autres organisations spécialisées. Voir www.iwmi.org




Infos complémentaires

L’irrigation au moyen des eaux usées est pratiquée sur 20 millions d’hectares à travers le monde en développement (photo extraite du rapport de l’IWMI)


« Pour un monde
plus propre
et plus sain »


À Stockholm, l’édition 2008 de la Semaine internationale de l’eau (17 au 23 août), l’un des grands rendez-vous annuels en la matière, s’est achevée sur des constats souvent peu réjouissants portés par ses quelque 2’400 participants. Lenteur des progrès dans le domaine de l’assainissement, explosion des demandes en eau, carences dans ses politiques de gestion, augmentation du gaspillage et de la pollution, écosystèmes en danger et autres symptômes alarmants leur font penser que la planète paraît proche d’une très grave crise.

Placée sous un slogan qui relève beaucoup de la méthode Coué – « Progrès et perspectives dans le domaine de l’eau : pour un monde plus propre et plus sain » - cette semaine aura tout de même permis de mettre le doigt sur quelques réalités trop souvent passées sous silence tels l’énorme gaspillage d’eau dans la production agricole ou le recours de plus en plus fréquent à des eaux usées pour l’irrigation.

« Nous avons eu un mode de vie très luxueux pendant les 25 dernières années sans nous soucier du tout de l’environnement, a fait remarquer John Anthony Allan, professeur britannique et lauréat du prix de l’eau de Stockholm 2008 pour ses recherches sur l’eau virtuelle. Il faut aujourd’hui changer la façon dont nous consommons, achetons et mangeons. »

À défaut de vraies décisions politiques et d’engagements concrets et contraignants, et malgré le fait qu’elle se transforme en haut lieu des lobbies en tous genres, cette Semaine de Stockholm a au moins le mérite de mettre l’accent sur la nécessité de changer les mentalités et les comportements dans le domaine de l’utilisation de l’eau. Nombre de gestes quotidiens, sans qu’on s’en rende même compte, ont en effet des conséquences immédiates sur la quantité et la qualité de cette ressource vitale. (bw)

 Site de la Semaine internationale de l’eau de Stockholm :
www.worldwaterweek.org

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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