Pour Marcel Boyer, l’auteur de cette proposition publiée dans le dernier Cahier de recherche de l’Institut économique de Montréal, l’exportation d’eau douce à grande échelle serait une initiative créatrice de richesse pour le Québec et le Canada. Il est vrai que ce pays possède la plus grande réserve d’eau douce de la planète (8 % du stock mondial) et que le Québec n’utilise qu’une infime partie de son eau douce renouvelable. D’où l’idée qu’une exportation adéquate de ces ressources aquatiques ne mettrait en danger ni les réserves ni l’environnement du pays et de la province québécoise en particulier.
Concrètement, Marcel Boyer estime nécessaire d’élaborer un plan stratégique et de prévoir des « droits d’utilisation de l’eau bien définis, transférables et incitatifs à la conservation de la ressource ». Le cadre réglementaire du commerce de l’eau serait alors accompagné « d’une tarification réaliste qui inciterait les consommateurs et les autres utilisateurs à utiliser la ressource de manière responsable et les producteurs entrepreneurs à assurer un approvisionnement stable ». Et d’ajouter que « l’absence de prix et de marchés encourage le gaspillage, contribue au développement d’une économie moins efficace et maintient la population dans l’ignorance quant à la valeur de l’eau. »
Le Conseil des Canadiens réclame une nouvelle politique de l’eau
Quelques jours plus tôt, dans un communiqué, le Conseil des Canadiens s’en était pris au gouvernement fédéral accusé d’avoir écarté un rapport du Ministère de l’environnement faisant état de problèmes de pénurie d’eau douce. Le gouvernement est dès lors invité par cette organisation citoyenne à définir une politique nationale de l’eau « qui déclare le droit à l’eau et protège l’eau canadienne des déviations, de l’exportation en vrac et de la privatisation et empêche qu’elle devienne une marchandise ». La politique adoptée il y a une vingtaine d’années est jugée obsolète et inadaptée aux problématiques nouvelles et urgentes.
« Il y a au Canada une crise d’eau douce qui va croissant, due à des contaminations, des pénuries et des pressions en faveur d’exportations d’eau vers les États-Unis via des canaux et des dérivations, explique Meera Karunananthan, porte-parole du Conseil des Canadiens. Le gouvernement Harper préfère mettre en avant l’intérêt des sociétés plutôt que la protection de l’eau. »
À plusieurs reprises, le Conseil des Canadiens a déjà fait connaître ses positions, à savoir notamment que le marché libre ne garantit pas l’accès à l’eau, que l’exportation en vrac pourrait ouvrir la porte à des différends commerciaux et que l’approvisionnement en eau du Canada est limité. (Sources : communiqués)
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