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27 août 2008.

Canada : la controverse sur l’exportation massive d’eau douce prend de l’ampleur

De nouvelles prises de position sont à verser dans le dossier (...)

De nouvelles prises de position sont à verser dans le dossier canadien sur l’exportation d’eau douce à grande échelle. Le vice-président de l’Institut économique de Montréal estime en effet qu’il est urgent de s’intéresser sérieusement à la valorisation de l’or bleu de son pays et de faire en sorte que le Québec devienne un chef de file en matière de gestion d’eau. Quelques jours auparavant, le Conseil des Canadiens, la plus grande organisation citoyenne du pays, avait une nouvelle fois pris vigoureusement parti contre tout projet de commercialisation et de transfert massif d’eau douce.

Pour Marcel Boyer, l’auteur de cette proposition publiée dans le dernier Cahier de recherche de l’Institut économique de Montréal, l’exportation d’eau douce à grande échelle serait une initiative créatrice de richesse pour le Québec et le Canada. Il est vrai que ce pays possède la plus grande réserve d’eau douce de la planète (8 % du stock mondial) et que le Québec n’utilise qu’une infime partie de son eau douce renouvelable. D’où l’idée qu’une exportation adéquate de ces ressources aquatiques ne mettrait en danger ni les réserves ni l’environnement du pays et de la province québécoise en particulier.

Concrètement, Marcel Boyer estime nécessaire d’élaborer un plan stratégique et de prévoir des « droits d’utilisation de l’eau bien définis, transférables et incitatifs à la conservation de la ressource ». Le cadre réglementaire du commerce de l’eau serait alors accompagné « d’une tarification réaliste qui inciterait les consommateurs et les autres utilisateurs à utiliser la ressource de manière responsable et les producteurs entrepreneurs à assurer un approvisionnement stable ». Et d’ajouter que « l’absence de prix et de marchés encourage le gaspillage, contribue au développement d’une économie moins efficace et maintient la population dans l’ignorance quant à la valeur de l’eau. »

Le Conseil des Canadiens réclame une nouvelle politique de l’eau

Quelques jours plus tôt, dans un communiqué, le Conseil des Canadiens s’en était pris au gouvernement fédéral accusé d’avoir écarté un rapport du Ministère de l’environnement faisant état de problèmes de pénurie d’eau douce. Le gouvernement est dès lors invité par cette organisation citoyenne à définir une politique nationale de l’eau « qui déclare le droit à l’eau et protège l’eau canadienne des déviations, de l’exportation en vrac et de la privatisation et empêche qu’elle devienne une marchandise ». La politique adoptée il y a une vingtaine d’années est jugée obsolète et inadaptée aux problématiques nouvelles et urgentes.

« Il y a au Canada une crise d’eau douce qui va croissant, due à des contaminations, des pénuries et des pressions en faveur d’exportations d’eau vers les États-Unis via des canaux et des dérivations, explique Meera Karunananthan, porte-parole du Conseil des Canadiens. Le gouvernement Harper préfère mettre en avant l’intérêt des sociétés plutôt que la protection de l’eau. »

À plusieurs reprises, le Conseil des Canadiens a déjà fait connaître ses positions, à savoir notamment que le marché libre ne garantit pas l’accès à l’eau, que l’exportation en vrac pourrait ouvrir la porte à des différends commerciaux et que l’approvisionnement en eau du Canada est limité. (Sources : communiqués)

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Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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