En plus de veiller au respect des normes de qualité de l’eau potable, ce Service-Eau, avec l’arrivée de la décentralisation, joue un rôle de conseil auprès des communes dans l’élaboration de leurs programmes et de leurs budgets pour l’approvisionnement en eau, mais aussi dans la maîtrise et la réalisation d’ouvrages telles les adductions d’eau villageoises.
C’est que les problèmes ne manquent pas : longue période de pénurie mal vécue par la population qui recourt à des sources d’eau non salubres, queues d’attente et attroupements autour des points d’eau qui se terminent parfois en de véritables batailles rangées, conflits entre agriculteurs et éleveurs en quête de points d’eau pour le bétail, nombreux forages improductifs du fait de la nature géologique des sols. Au final, tout le monde s’en remet au ciel et attend le retour des pluies.
Dure et fortement riche en sels (calcium, magnésium, nitrates, fer et fluorures), l’eau est dans ce département d’une qualité bactériologique pas toujours garantie et pas vraiment à l’abri de toutes sortes de menaces : péril fécal, pratique très répandue des inhumations à domicile, mauvaise gestion des déchets domestiques, utilisation abusive des pesticides, eaux de surface exposées à toutes les pollutions. Du côté de l’administration locale, on déplore l’insuffisance de ligne budgétaire pour la réalisation, l’entretien et le renouvellement des infrastructures du service de l’eau. Le manque de moyens financiers, techniques et humains est de mise.
Le département connait également un déboisement et une déforestation avancée, des feux de brousse saisonniers qui dénudent les flancs des collines et les berges des cours d’eau. La culture intensive de manioc pour la production de farine (gari et tapioca) et la fourniture de bois-énergie sous toutes ses formes aux grandes villes sont autant d’activités dévoreuses de forêts, et donc des menaces potentielles pour la préservation des ressources en eau.
Que faire ? Pour le Service-Eau du département, les objectifs sont relativement clairs : rechercher des sources de financement pour multiplier les forages (en dépit des échecs), réaliser davantage d’adductions d’eau villageoises, investir dans la formation des ressources humaines et la promotion des métiers de l’eau, lutter contre la pauvreté.
La promotion du tourisme, l’élevage de la volaille et des petits ruminants, le reboisement à grande échelle sont quelques-unes des options proposées pour diminuer la pression sur les forêts et les collines. Avec l’espoir, évidemment fragile, que l’eau puisse couler à nouveau des collines jusqu’aux rivières.
Texte et photo
Bernard Capo-Chichi