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9 mars 2015.

Union européenne : plusieurs voyants sont au rouge dans l’application de la directive cadre sur l’eau

Il ne fait plus aucun doute que près de la moitié des eaux de (...)

Il ne fait plus aucun doute que près de la moitié des eaux de surface de l’Union européenne ne parviendront pas cette année à l’objectif qu’elle avait assigné à ses États pour le retour de leurs eaux à un bon état écologique. Un chiffre est assez révélateur de ce manque d’engagement : les pays de l’UE ignorent encore tout du statut chimique de plus de 40 % de leurs ressources en eau.

Conformément à la Directive cadre sur l’eau (DCE), la Commission européenne se devait de publier cette année un rapport intérimaire sur son application et sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre des programmes de mesures prévus par les États membres dans leurs plans de gestion des bassins hydrographiques. C’est chose faite sous la forme d’une communication adressée au Parlement et au Conseil européens et accompagnée d’un rapport de 143 pages (rédigé à partir des rapports remis par les États membres à fin 2012) d’où il ressort, sans surprise aucune, que les objectifs fixés pour 2015 sont bien loin d’être atteints : 23% seulement des mesures de base et des exigences minimales prévues par la directive ont été signalées comme appliquées, 66% sont en cours d’exécution et 11% n’ont pas encore été prises en compte.

Trois pays seulement – l’Autriche, la Finlande et les Pays-Bas - remplissent à ce jour les trois critères fondamentaux exigés par l’UE, à savoir : l’analyse des pressions exercées sur les ressources en eau et de leurs impacts, l’évaluation des mesures portant sur l’état des eaux et la mise en place des systèmes de surveillance.

La législation de l’Union européenne a certes permis d’améliorer la protection des eaux, lit-on dans le communiqué publié à Bruxelles. La plupart des Européens peuvent sans aucun danger boire l’eau du robinet et se baigner dans des milliers de zones côtières, rivières et lacs de leurs pays. Mais certains voyants sont au rouge : "des décennies de détérioration et de gestion inefficace rendent la perspective d’une bonne qualité environnementale pour l’ensemble des eaux de l’Union encore assez lointaine. Ce qui, à son tour, génère des coûts supplémentaires pour la purification de l’eau et risque de mettre en danger la santé humaine."

Le rapport lui-même pointe du doigt de nettes insuffisances dans l’application des mesures de base (telle la directive sur les nitrates) en matière de lutte contre la pollution diffuse de l’agriculture ou dans l’évaluation de l’opportunité de réduire la pollution chimique. Insuffisances également dans le domaine de la régulation du débit des eaux de surface et des modifications apportées aux cours d’eau, entravant ainsi leur bon écoulement (l’hydroélectricité est très souvent citée comme l’un des principaux facteurs d’interruption de leur continuité écologique), ce qui impliquerait de prendre des mesures supplémentaires. Le rapport met par ailleurs en évidence l’excès de prélèvements à des fins d’irrigation dans les pays riverains de la Méditerranée et de la mer Noire. Par contre, les mesures relatives à l’amélioration du traitement des eaux usées semblent avoir progressé de manière significative.

L’une des raisons les plus fréquemment avancées pour expliquer les retards des États dans la mise en œuvre de la Directive cadre sur l’eau et des mesures supplémentaires qu’elle préconise est semble-t-il de nature économique et financière. Cette explication contraste avec le diagnostic du rapport, lequel affirme que les États membres n’ont pas vraiment mis à profit les fonds que l’UE met à leur disposition pour, entre autres, traiter les eaux résiduaires ou réduire les risques d’inondation en restaurant par exemple des zones humides.

Dans ses recommandations, la Commission européenne insiste notamment sur la nécessité pour les États :
 de se doter de bases de données et de méthodes rationnelles d’évaluation des pressions et des impacts sur les écosystèmes aquatiques, de manière à prendre des mesures réellement appropriées,
 d’améliorer la surveillance de l’état des eaux de surface en particulier, et de façon prioritaire, quant à l’éventuelle présence de substances pouvant nuire à leur qualité,
 de renforcer les mesures obligatoires (et non seulement volontaires) de lutte contre la pollution diffuse d’origine agricole,
 d’adapter les prélèvements et usages de l’eau aux objectifs environnementaux de la directive cadre et aux impératifs du développement durable,
 de protéger et au besoin de restaurer les flux hydrologiques, et de porter remède aux modifications physiques qui empêchent le bon écoulement des cours d’eau,
 d’appliquer des tarifications adéquates des différents usages de l’eau en vue de réduire sa consommation inutile,
 ou encore de s’appuyer davantage sur des structures efficaces pour améliorer la coopération entre les entités administratives et les gestionnaires de l’eau. (Source : UE)


 Communication de la Commission européenne sur la Directive cadre sur l’eau et la Directive Inondations (pdf / anglais)

 4e Rapport du groupe de travail sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Directive cadre sur l’eau (pdf / anglais)



Infos complémentaires

aqueduc.info

:: La Directive-cadre sur l’eau

La Directive-cadre sur l’eau, adoptée en 2000, établit un cadre au niveau européen qui vise à garantir la disponibilité d’une eau propre et en quantités suffisantes pour les personnes et la nature, ainsi qu’à des fins d’utilisation dans des secteurs économiques comme l’agriculture, l’aquaculture, l’énergie, les transports et le tourisme. Cette politique a permis de développer un secteur de l’eau dynamique et de premier plan au niveau mondial comptant 9 000 PME actives et fournissant près de 500 000 emplois en Europe. Cette croissance doit toutefois être soutenue par une meilleure mise en œuvre de la politique de l’eau pour en atteindre les objectifs environnementaux et de durabilité.
(Source : UE)


:: VERBATIM

« L’eau est la source de toute forme de vie. Nous en avons besoin pour la boisson, pour l’assainissement, pour l’agriculture, pour la production de biens et d’énergie. La préserver est l’un des plus grands défis au monde. Nous avons la chance, dans l’Union européenne, de disposer d’une législation solide qui a progressivement contribué à assurer la fourniture d’une eau de bonne qualité. Nous ne devons pourtant pas nous endormir sur nos lauriers : la communication et les rapports publiés aujourd’hui montrent que les États membres doivent poursuivre et renforcer leurs efforts de mise en œuvre de la directive-cadre sur l’eau et de la directive « inondations », au bénéfice des hommes, de la nature et de l’environnement, en luttant contre la pollution, les prélèvements excessifs et la modification des rivières. À cette fin, les possibilités de financement offertes par l’Union devraient être exploitées au maximum. »
 Karmenu Vella, commissaire européen pour l’environnement, les affaires maritimes et la pêche (9 mars 2015)

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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