Le débat au niveau national a commencé une quinzaine de jours plus tôt lorsque le Conseil des Canadiens a informé l’opinion publique qu’il avait eu connaissance, grâce à une fuite, d’un document révélant que les exportations de l’eau en vrac étaient inscrites à l’ordre du jour de ces réunions privées tripartites prévues à Calgary.
Selon ce document, la table ronde sur « l’avenir de l’environnement nord américain » devait notamment traiter de « la consommation d’eau, des transferts d’eau et des déviations artificielles de l’eau en vrac » dans le but de réaliser « l’utilisation conjointe optimale de l’eau disponible ».
« Ce n’est que la dernière d’une série de rencontres à huis clos qui octroient un accès privilégié au secteur des affaires tout en tenant le public à l’écart, » expliquait alors Maude Barlow, présidente nationale du Conseil des Canadiens : « le document est accablant non seulement parce qu’il expose un processus où la transparence et l’obligation de rendre compte brillent par leur absence, mais également en raison de ce dont les gouvernements et ces soi-disant intéressés du secteur des entreprises sont en train de discuter. »
Le Conseil des Canadiens a alors exigé que le gouvernement du Canada mette un terme à toute autre participation à de tels pourparlers sur l’intégration de l’Amérique du Nord jusqu’à ce qu’un débat parlementaire et une vraie consultation publique aient eu lieu sur la question.
Une autre ONG canadienne - Eau Secours !, coalition québécoise pour une gestion responsable de l’eau et opposée à la continentalisation de l’eau à des fins marchandes – a elle aussi réclamé du gouvernement Harper qu’il cesse toute présumée négociation en ce sens. Selon son président, André Bouthillier, le gouvernement canadien ne dispose en effet d’aucun mandat ni d’aucune autorité juridique pour négocier la souveraineté des ressources nationales avec des groupes d’intérêts et des lobbyistes.
La réponse officielle ne s’est pas fait attendre. John Baird, ministre canadien de l’Environnement, a aussitôt fait savoir que "le gouvernement du Canada n’a aucune intention d’entreprendre des négociations, que ce soit à huis clos ou autrement, relativement à l’exportation de grandes quantités d’eau. Des restrictions sont en vigueur au Canada pour interdire les prélèvements massifs d’eau, y compris par détournement, lesquelles sont doublées d’amendes et de peines d’emprisonnement sévères. Le Canada est déterminé à protéger l’eau dans son état naturel et à préserver l’intégrité des écosystèmes, et continuera de le faire." (Presse canadienne et communiqués)