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10 février 2011.

‘Blue Peace’ : plan stratégique pour une meilleure gestion de l’eau au Moyen-Orient

Si des mesures efficaces ne sont pas prises de toute urgence, (...)

Si des mesures efficaces ne sont pas prises de toute urgence, les pays du Moyen-Orient pourraient connaître une grave crise humanitaire en raison de l’épuisement de leurs ressources en eau. C’est l’avertissement lancé dans un rapport - ‘The Blue Peace : Rethinking Middle East Water’ - qui propose un plan stratégique pour une gestion transfrontalière de l’eau dans cette région. La liste de dix recommandations est présentée par ses auteurs comme une contribution à la paix et à la réduction des conflits au Moyen-Orient.

Publié par le ‘Strategic Foresight Group’ (un groupe indépendant d’experts indiens) avec l’appui des agences de coopération au développement suisse et suédoise - ce rapport a été rédigé sur la base de contributions et de réflexions issues d’une série de consultations et de rencontres auxquelles a participé une centaine de dirigeants politiques et d’experts de divers pays du Moyen-Orient. Plusieurs recommandations y sont formulées en vue de susciter une vision régionale du développement et la mise en place d’instruments communs de coopération technique et politique pour une meilleure gestion des ressources hydriques de la région.

L’accroissement démographique, les migrations, l’urbanisation et les changements climatiques ont un impact extrêmement important sur les ressources en eau de cette région. De 1960 à 2010, note le rapport, les cours d’eau des cinq pays concernés - Turquie, Syrie, Irak, Liban et Jordanie - ont perdu de 50 à 90 % de leur débit, le volume des ressources renouvelables de l’aquifère commun à Israël et aux Territoires palestiniens a diminué des 7 % depuis la conclusion des accords d’Oslo en 1993 et de 15 à 20 % dans l’aquifère de Galilée occidentale. En Mer Morte, le niveau d’eau a passé de - 390 mètres dans les années 1960 à - 420 mètres à l’heure actuelle et sera de - 450 mètres dans une trentaine d’années, et sa superficie a rétréci d’un tiers, passant de 950 à 637 kilomètres carrés.

Gérer ensemble et durablement les ressources hydriques de la région apparaît d’une nécessité vitale pour l’approvisionnement des populations, l’agriculture et le développement socio-économique en général. Les rédacteurs du rapport proposent donc notamment la création d’un Conseil de coopération regroupant les cinq pays de cette région pour une gestion durable des ressources hydriques : cet instrument devrait leur permettre de partager des normes communes pour la mesure des débits d’eau et de leur qualité, d’établir des modèles régionaux de lutte contre le changement climatique, de diffuser de nouvelles technologies et de faciliter une gestion intégrée par bassins versants. (Sources : Strategic Foresight Group, Direction du développement et de la coopération suisse)

 En savoir plus sur le site de la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC)




Infos complémentaires

:: VERBATIM

« Le rapport dit en substance : l’heure est grave, mais les problèmes ne sont pas insolubles. D’abord, il faut qu’une logique de coopération s’installe dans la région. C’est une question politique. Ensuite, une série de mesures de nature technique peuvent être mises en œuvre qui permettront une utilisation rationnelle des ressources hydrauliques. Notre espoir est que le rapport encourage les décideurs de la région à intensifier les dynamiques régionales qui se mettent en place au Moyen-Orient. Une approche régionale de la gestion de l’eau ne manquera pas de susciter d’autres coopérations régionales, par exemple dans le domaine de l’énergie, du commerce, de l’agriculture. Le processus est du reste amorcé. C’est vers une véritable intégration régionale qu’on doit se diriger. L’eau peut être au Moyen-Orient ce que le charbon et l’acier furent à l’Europe. »

Jean-Daniel Ruch, ambassadeur suisse, représentant spécial
pour le Moyen-Orient
(interview DDC)

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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