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23 novembre 2017.

Renaturer les hauts-marais pour protéger le climat

Remettre en eau les hauts-marais asséchés pourrait mettre fin à (...)

Remettre en eau les hauts-marais asséchés pourrait mettre fin à leurs émissions de gaz carbonique. Dans ce but, l’Institut fédéral suisse de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) a développé une méthode de compensation qui permet d’évaluer de manière fiable ce type de pollution atmosphérique. On estime que les hauts-marais asséchés, très nombreux en Suisse malgré l’obligation constitutionnelle de les protéger, émettent quelque 19’000 tonnes de CO2 par an.

En Suisse, seuls 10 % des hauts-marais (tourbières) ont réussi à traverser le siècle dernier en gardant leur état naturel, explique le WSL en marge de son magazine DIAGONALE de novembre 2017 [1]. Le reste a été drainé pendant les deux guerres mondiales lorsqu’il a fallu gagner des terres pour garantir la sécurité alimentaire du pays. "Ce qui fut considéré à l’époque comme un progrès s’est révélé plus tard un problème" : des surfaces de rétention de l’eau ont disparu, le nombre de biotopes et la biodiversité ont diminué, et depuis lors les hauts-marais drainés émettent d’importantes quantités de CO2.

Les hauts-marais sont des puits naturels de carbone : chaque année, à l’échelle mondiale, ils absorbent des millions de tonnes de carbone prélevées dans l’atmosphère. Mais lorsqu’ils s’assèchent, l’oxygène pénètre dans le sol, la tourbe qu’ils ont accumulée pendant des millénaires se décompose peu à peu et rend à l’atmosphère le gaz carbonique qu’ils lui avaient pris. La seule solution pour remédier à ces émissions de gaz carbonique est de réapprovisionner ces espaces en eau.

Encore faut-il disposer des données précises qui permettent d’évaluer de manière fiable les émissions effectivement évitées grâce à la remise en eau des hauts-marais. Certains pays européens ont cette expertise depuis quelques années, mais leurs modèles ne sont pas applicables en Suisse en raison des différences entre les sites naturels et entre les climats. C’est ce qui a poussé le WSL à développer une méthode de calcul simple et économique, dite approche max.moor [2].

Quelques chiffres : dans un haut-marais remis en eau, les 50 premiers centimètres de tourbe retiennent à eux seuls des émissions potentielles de plus de 1000 tonnes de CO2 par hectare, ce qui pour le territoire suisse représente un potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 19’000 tonnes par an. Par comparaison, un vol Zurich-New York rejette dans l’atmosphère 1,2 tonne de CO2 par personne.

L’intérêt concret de ces calculs, c’est qu’il est désormais possible à tout un chacun et à toute entreprise de compenser son empreinte carbone en contribuant - en toute connaissance de cause, volontairement et financièrement - à des projets de renaturation des hauts-marais de Suisse via des institutions dédiées à des programmes de compensation écologique.

De telles compensations ont également l’avantage de contribuer fortement à l’amélioration de la biodiversité, à la revalorisation des paysages, à l’amélioration de la protection contre les crues et à l’encouragement de l’économie locale, de l’économie forestière notamment. (Informations : WSL)




Notes

[1DIAGONALE, magazine bisannuel du WSL, n°2, 2017, "Le paysage : bien plus qu’un simple décor". Voir >

Infos complémentaires

Hauts-marais et bas-marais :
deux habitats différents

Un marais se crée lorsque le sol est saturé d’eau. De tels sites ne peuvent être colonisés que par des espèces végétales spécialisées. On distingue deux grands types de marais, en fonction de la provenance de l’eau :
 les hauts-marais ne sont alimentés en humidité que par les précipitations, ils sont extrêmement pauvres en substances nutritives mais riches en tourbe ;
 les bas-marais, également alimentés par les précipitations, le sont aussi par les eaux souterraines minérales. Contrairement aux hauts-marais, ils se développent le plus souvent sur des surfaces agricoles qui ont été défrichées mais pas complètement drainées.

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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