C’est un fait : toutes les eaux usées n’arrivent pas dans les stations d’épuration. Certaines d’entre elles rejoignent des conduites d’eaux claires qui, en temps normal, servent à la collecte des eaux de pluie, et sont finalement rejetées dans l’environnement et dans les cours d’eau parfois de manière chronique. Certes il existe divers moyens, comme la microbiologie classique, qui permettent de repérer ce genre de pollutions, mais leur efficience a des limites. Il est par exemple difficile de distinguer les excréments humains des déchets d’origine animale. Une étude vient d’être menée en Suisse qui propose une nouvelle approche basée sur une technique de biologie moléculaire, le PCR, qui a entre autres démontré sa capacité de détection du Covid-19.
Une ville comme Lausanne compte plus de 750 exutoires d’eaux claires répertoriés dans les cours d’eau de son territoire. Au fil du temps et des nombreux travaux qui ont été entrepris sur ces canalisations, certaines informations ont été perdues ou sont obsolètes et il est parfois devenu difficile de repérer les endroits précis où des eaux usées peuvent s’y déverser suite à l’usure des conduites et autres possibles dysfonctionnements. Il est pourtant crucial de pouvoir identifier ce genre de pollutions. Il y va d’une bonne gestion de la santé humaine et de l’environnement.
Existe-t-il "une méthode fiable pour identifier clairement, rapidement et à moindre coût la présence d’eaux usées dans les exutoires d’eaux claires" ? C’est la question à laquelle a tenté de répondre un groupe de spécialistes emmené par Fereidoun Khajehnouri, chimiste responsable du contrôle de l’eau au Service des eaux de la Ville de Lausanne [1]. Il existe déjà, de fait, plusieurs techniques qui relèvent de la microbiologie classique et qui permettent de détecter des germes révélateurs d’une contamination fécale et d’analyser des micropolluants. Mais les spécialistes qui ont participé à cette étude ont constaté, dans leurs travaux de laboratoire, que ces approches traditionnelles "présentent des limites importantes lorsqu’elles sont appliquées à un contexte ouvert et complexe tel que celui des rejets dans l’environnement (…) La principale limite de la technique microbiologique classique est l’impossibilité de distinguer les matières fécales humaines de celles des animaux, donc provenant de l’environnement."
Dans leur recherche, les experts ont donc tenté de surmonter les limites des techniques habituelles et d’évaluer une méthode offrant des analyses faciles à interpréter, relativement rapides et peu coûteuses. Avec cette nouvelle approche basée sur la biologie moléculaire PCR (voir l’information complémentaire ci-dessous) il est possible sans aucune ambiguïté de détecter la présence dans l’eau d’un gène tout à fait spécifique des bactéries de la flore intestinale des humains et de leurs déjections. Il appartient désormais aux services de surveillance de la qualité des eaux de voir comment ils peuvent mettre en pratique cette technique jugée prometteuse. (bw)