Ce film, tourné en grande partie dans le Parc National des Écrins (Alpes françaises) par un spécialiste des documentaires liés au monde de la montagne, prend prétexte de la beauté des lacs d’altitude pour aller à la rencontre des scientifiques qui les étudient et proposent une lecture attentive et minutieuse de leur évolution passée et future.
"Lacs sentinelles", c’est d’abord un réseau multidisciplinaire constitué il y a plusieurs années déjà pour mieux coordonner les recherches et les observations scientifiques autour des lacs d’altitude des Alpes françaises. On y trouve des chercheurs ainsi que des gestionnaires d’espaces protégés et d’écosystèmes aquatiques rattachés à diverses institutions tels le Parc National des Écrins et le Conservatoire des espaces naturels de Haute-Savoie (ASTERS), le Laboratoire EDYTEM (environnement, dynamiques et territoires de montagne) de l’Université de Savoie et l’Institut de géographie alpine de l’Université de Grenoble, ou encore l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA).
Les lacs d’altitude, le plus souvent d’origine glaciaire et alimentés au printemps par la fonte des neiges, ont des eaux généralement de bonne qualité : difficiles d’accès, ils ne subissent que peu d’impacts d’activités humaines immédiates. Mais le documentaire de Claude Andrieux nous fait découvrir qu’ils ne sont pas à l’abri des courants atmosphériques et donc d’influences polluantes lointaines. De ce point de vue, la collecte de sédiments lacustres par carottage et leur analyse révèlent parfois d’étonnantes informations liées à des événements relativement récents, telle la catastrophe de Tchernobyl.
Ces lacs, explique l’un des chercheurs interrogés dans le film, jouent un rôle de sentinelle : ils sont tellement fragiles qu’une petite altération, qui resterait sans grave incidence sur un grand système aquatique, peut avoir sur eux des conséquences désastreuses.
En plusieurs étapes du côté du Parc des Écrins – du lac de la Muzelle à celui du Pavé en passant notamment par Arsine, Lauvitel et Foréant - Claude Andrieux propose un plaidoyer convaincant de l’intérêt, sinon de la nécessité, de suivre l’évolution de ces plans d’eau au fil des ans et des variations climatiques, et de veiller en connaissance de cause à leur bon état de conservation. (bw)