Le décret Ronchi, du nom du ministre italien des politiques communautaires qui l’a fermement soutenu lors de son adoption, est destiné à ouvrir largement le secteur de l’eau à la concurrence. Il rend obligatoire les appels d’offre en matière de gestion de l’eau et limite la participation des collectivités locales dans les sociétés à qui cette gestion est attribuée.
Cette loi avait été vivement combattue par l’opposition de gauche ainsi que par des associations écologistes et de consommateurs qui redoutent que la gestion de l’eau ne tombe aux mains de quelques grands groupes qui en tireront bénéfice au détriment des citoyens qui devront s’attendre à une forte augmentation des tarifs de l’eau. Argumentation réfutée par Andrea Ronchi pour qui le texte ne prévoit pas la privatisation de l’eau mais vise à combattre l’inefficacité des monopoles et les dysfonctionnements de la concurrence. L’opposition a aussitôt annoncé le lancement d’une campagne pour obtenir un référendum d’initiative populaire contre cette loi.
Les 200’000 manifestants se sont rassemblés à Rome à l’appel du Forum italien des mouvements pour l’eau avec, pour revendications essentielles, le retour de la gestion de l’eau dans les mains du service public, la fin des profits privés dans le domaine de l’eau, la nécessité d’un contrôle démocratique des décisions en la matière, et la réaffirmation des valeurs de bien commun et des droits humains. La privatisation est déjà en marche, constate Marco Bersani, l’un des membres du Forum, et chacun peut en voir les résultats : les investissements sont à la baisse, de même que la qualité du service de l’eau, mais les tarifs augmentent.
Responsable de la coordination du Forum, Paolo Carsetti explique que trois référendums seront lancés, demandant l’abrogation de chacun des trois textes qui constituent le socle de la nouvelle législation : “nous commencerons la récolte des signatures au mois d’avril, avec l’intention d’en compter 700’000 à la mi-juillet ; 500’000 signatures suffisent aux référendums, mais nous voulons en collecter davantage pour donner plus de poids à cette campagne”.
En décembre 2007, une première grande manifestation organisée par le même Forum italien des mouvements pour l’eau avait déjà rassemblé quelque 40’000 personnes et une proposition d’initiative populaire réclamant la gestion publique de l’eau avait à ce moment-là déjà recueilli 400’000 signatures qui de toute évidence n’ont pas suffi à faire dévier le gouvernement Berlusconi de ses objectifs. (Source : presse italienne)